Frappé par une pénurie de personnel sans précédent, le Phare Enfants et Familles lance un appel à l’aide. L’établissement médical, qui accompagne les familles et permet aux enfants en fin de vie de bénéficier de soins palliatifs, craint de faire face à un bris de service.
Depuis le début de la deuxième vague de la pandémie, le Phare a vu plusieurs de ses infirmières et préposées aux bénéficiaires démissionner. Sur un total habituel de 33 soignantes, près d’un quart manque aujourd’hui à l’appel.
«Cette situation est principalement attribuable à des départs vers des agences de placement ou vers les CIUSSS. C’est d’ailleurs compréhensible étant donné qu’avec les primes COVID, la rémunération est plus attrayante. On est un “environnement froid”, donc il n’y a pas ce genre de prime ici», explique le directeur adjoint du Phare, Adam Mongodin.
Face à cette situation, l’établissement a lancé un appel au recrutement pour maintenir un ratio enfants-infirmières adéquat. Mais, la main d’œuvre recherchée est rare puisque le personnel soignant du Phare doit avoir de l’expérience en soins palliatifs et en soins pédiatriques. Les candidatures sont donc peu nombreuses.
«Huit personnes qui manquent dans une équipe, ça peut paraître peu, mais pour nous, c’est énorme. Les enfants que l’on accueille ont besoin d’une présence constante, jour et nuit. Si une de nos infirmières est absente, on se retrouve au bord du bris de service», alerte M. Mongodin.
«Contrairement à certains établissements, on ne peut pas reporter les soins qui sont donnés. La fin de vie d’un enfant, ça ne se reporte pas», rappelle-t-il.
Besoin de renfort
L’établissement espère recevoir bientôt des candidatures. En attendant, il a interpellé le gouvernement québécois et les hôpitaux pédiatriques afin d’obtenir des «prêts de service», c’est-à-dire des infirmières en renfort.
«On voulait sensibiliser le gouvernement aux conséquences des primes qui ont été mises en place. On ne veut pas jeter la pierre aux agences, mais le secteur médical à but non lucratif est une victime collatérale», précise M. Mongodin.
Sensible à la cause du Phare, le député de Rosemont Vincent Marissal, quant à lui, juge «honteuse» l’attitude des agences de placement.
«C’est scandaleux que les agences viennent piller ainsi le personnel soignant pour faire de l’argent, a-t-il déclaré. J’ai interpellé le ministre de la Santé [Christian Dubé] sur cet enjeu qui a été exacerbé par la pandémie.»
En plus du manque d’employés, le Phare doit aussi composer avec l’absence d’une grande part des 55 bénévoles qui interviennent habituellement. Ceux qui sont âgés de 65 ans ont en effet dû cesser de venir et le couvre-feu empêche leur présence le soir.
«C’est aussi un enjeu important, parce que les bénévoles participent beaucoup à faire fonctionner le Phare, explique le directeur adjoint. Ils sont présents en cuisine, à la réception ou auprès des enfants pour organiser des activités ou bercer les touts-petits.»