De plus en plus de locataires de Saint-Léonard sont logés dans des logements jugés trop petits pour la composition de leur ménage.
Selon le Profil sociodémographique 2016 de l’arrondissement de Saint-Léonard, 3730 logements privés sont jugés de taille insuffisante dans le secteur, soit 12,1 % des logements du territoire. Une proportion plus importante que pour le reste de la ville de Montréal, où l’on en dénombre 8,6 %, pour la même année.
De plus, alors que la ville de Montréal a remarqué une diminution de sa proportion de logements jugés de taille insuffisante (-1,1 %) de 2011 à 2016, Saint-Léonard connaît, quant à lui, une légère hausse (+0,6 %).
Cette situation ne surprend aucunement la coordonnatrice d’Action dignité, le comité logement de Saint-Léonard.
«Nous avons une pénurie de grands logements à Saint-Léonard. Les institutions établissent un équilibre de l’offre et la demande à un taux de 3 % de logements disponibles. À Saint-Léonard, on se situe à 0,2 %», se désole Sylvie Dalpé.
«C’est une situation dramatique à Saint-Léonard. Il est de plus en plus difficile pour une famille de trouver un logement adéquat», ajoute Maxime Roy-Allard, porte-parole du Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ).
«Ce n’est pas rose pour les familles léonardoises» -Maxime Roy-Allard du RCLALQ
Ce manque de grands logements force des ménages à se loger dans des logements plus petits. À Saint-Léonard, on compte 5,3 % des logements où il y a plus d’une personne par pièce alors que la proportion est de 3 % pour la ville de Montréal.
«C’est une question de disponibilité, mais également de coût du loyer. Ce n’est pas surprenant que des familles se logent dans des petits appartements», observe M. Roy-Allard.
«Les grands logements ne sont pas abordables à Saint-Léonard. Souvent, ils dépassent les 1200 $ par mois», renchérit Mme Dalpé.
Pour ajouter aux difficultés des Léonardois, deux ménages sur trois n’ont qu’une personne pour subvenir aux besoins de tous. En effet, 67 % des ménages n’ont qu’un seul soutien par ménage, ce qui correspond à 20 725 ménages. Comparativement, 9245 personnes vivaient seules dans l’arrondissement en 2016. Ce qui veut dire que 11 480 familles n’ont qu’un seul salaire pour subvenir au besoin de deux, trois personnes ou même plus.
«On le remarque beaucoup dans la communauté immigrante. Ça peut prendre jusqu’à cinq ans pour qu’un immigrant accède à l’emploi, en raison de la francisation ou encore parce qu’il doit aller faire des études», explique Mme Dalpé.
«C’est inquiétant qu’une seule personne doive amener l’argent pour subvenir aux besoins d’un ménage. De plus, plusieurs n’arrivent pas à payer à temps», poursuit M. Roy-Allard.
Plus de logements sociaux
Les deux organismes sont unanimes sur la solution qui réglerait cette problématique: il faut plus de logements sociaux à Saint-Léonard.
«Je n’arrête pas de le dire. Il faut du logement social et communautaire. Ça n’a pas de sens qu’on n’ait seulement deux coopératives d’habitation sur le territoire. Ça ne répond pas à la demande», déplore Mme Dalpé.
En 2013, l’arrondissement comptait 407 logements sociaux et communautaires, ce qui correspond à 0,7 % de ses logements. Une troisième coopérative devrait voir le jour dans l’ouest de l’arrondissement au cours des prochaines années ce qui amènerait 193 nouveaux logements sociaux. Toutefois, ce n’est toujours pas suffisant.
«Selon le comité du logement social de Saint-Léonard, il nous faudrait 2100 nouveaux logements sociaux et communautaires d’ici 2021 pour répondre aux besoins des locataires. Les 193 logements sociaux du Domaine Renaissance, c’est bien, mais loin d’être suffisant», note Mme Dalpé.
TC Media a tenté de joindre la Ville de Montréal ainsi que la responsable de l’habitation sur ce dossier, mais sans succès.