La corporation de football junior de Saint-Léonard a serré la vis dans le dossier des commotions cérébrales en proposant un test de référence aux joueurs et changeant le programme de ses pratiques. À sa troisième année de disponibilité, il demeure difficile de convaincre certains parents.
Cela fait plus de 25 ans qu’Action Sport Physio encadre les jeunes joueurs de football de Saint-Léonard. Mais cela ne fait que quelques années qu’une attention particulière est accordée aux commotions cérébrales.
« Anciennement, ce qu’on avait tendance à faire, c’était de prendre le joueur et de le mettre de côté sur le banc jusqu’à temps qu’il se sente mieux, souligne Nancy Fonzo, physiothérapeute et propriétaire de l’Action Sports Physio à Saint-Léonard. Après que ses symptômes aient diminué, on le renvoyait sur le jeu. »
En 2016, la clinique et la corporation décidaient de changer les choses en s’affiliant à la compagnie spécialisée Complete Concussion Management. Celle-ci a développé un test de référence, appelé « baseline », que les joueurs peuvent passer avant la saison. Cette batterie d’examens permet d’évaluer la condition physique et cérébrale du joueur. Advenant une commotion, une seconde batterie de tests est réalisée, permettant un comparatif avec le premier. Il ne permet pas cependant de diagnostiquer une commotion.
Selon les chiffres de Mme Fonzo, en 2017, près d’une quarantaine de joueurs ont pris part à ce test. Cela représente près de 18% des jeunes des cinq catégories des Cougars de Saint-Léonard (atome, moustique, pee-wee, bantam et midget). Celles-ci peuvent en compter jusqu’à 225 au total.
Pour la saison 2018, pour l’instant, plus de 30 joueurs l’ont passé ou vont le passer. La saison s’amorce à la mi-juillet.
Pour Mme Fonzo, même si les résultats ont été « excellents », beaucoup de sensibilisation reste à faire. « Il y a un manque d’éducation, il y a un manque de prise de conscience de l’importance de ce test-là. »
La question monétaire jouerait également pour beaucoup, le test n’étant pas couvert par la Régie de l’assurance-maladie du Québec (RAMQ). Alors que la valeur originale du test est de 100$ pour les 12 ans et moins et 110$ pour les 13 ans et plus, les prix sont réduits à 60$ et 70$.
« Nous offrons ce service à tous nos joueurs. Il y a des parents qui embarquent et il y en a qui n’embarquent pas. Mais on les informe. On essaie de faire une réunion de parents à chaque année », indique le président des Cougars Tony Iadeluca.
Une équipe de quatre physiothérapeutes s’affairent à être sur les lignes de côtés durant les matchs des Cougars. Lorsqu’une commotion est traitée et que le joueur est prêt à jouer de nouveau, les physiothérapeutes vont recommander à un médecin le retour au jeu. Seul ce dernier peut donner le feu vert.
Action Physio Sport n’a pas été en mesure de transmettre le nombre de commotions répertoriées au sein des équipes de Saint-Léonard au cours des dernières saisons.
La clinique recommande aux joueurs de quitter le football à la deuxième, voire troisième commotion.
Une éducation revue et corrigée
Bien entendu, les contacts seront toujours au cœur du football. Cependant, en amont, pour tenter de réduire les risques de commotions cérébrales, la façon dont est enseigné le plaquage joue pour beaucoup.
L’équipe d’entraîneurs, qui est annuellement formée sur l’enjeu des commotions cérébrales, s’assure que les jeunes joueurs développent l’habitude d’éviter notamment les contacts casque à casque. Ceux-ci sont nettement plus susceptibles de provoquer des commotions cérébrales. Le plaqué avec les épaules est mis de l’avant.
« On ne peut pas avoir de contact [durant les pratiques], s’il n’y a pas de physiothérapeute présent », précise Tony Iadeluca.
Les règlements de la Fédération du football amateur du Québec stipulent qu’un secouriste, soit une personne ayant minimalement une formation de premiers soins, doit être présent lors des entraînements impliquant des contacts. Deux sont nécessaires lors des matchs.
Pour le président, le football demeure un sport plus compétitif que les autres et il faut être prêt subir plusieurs chocs. Malgré la forte demande d’inscriptions à chaque année, il refuse d’ajouter de nouvelles équipes dans le but de maintenir un calibre élevé. Il pointe également que plusieurs jeunes tirent leur révérence une fois qu’ils doivent subir des contacts.
Les sphères testées par le « baseline »
12 et moins: mémoire différée, balayage visuelle, l’équilibre
13 ans et plus: ajout d’un test neurocognitif à l’ordinateur
Exemples de symptômes
Nausée
Douleurs dans le cou
Somnolence
Sensibilité à la lumière et au bruit
Nombre maximal de joueurs par catégorie
Atome: 30
Moustique: 45
Pee-wee: 50
Bantam: 50
Midget: 50