À l’âge de 24 ans, Beverly Salomon était devenue la première femme noire à devenir propriétaire d’une franchise de la chaîne de pharmacie Jean Coutu. Dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs, elle revient sur son parcours plutôt exceptionnel.
Souriante et humble, Mme Salomon tient, avant toute chose, à souligner l’apport des personnes qui l’ont précédée.
«Oui, je suis la première chez Jean Coutu, mais il y en a eu d’autres avant moi, dans d’autres manières, qui m’ont ouvert la porte.» Elle souhaite à son tour pouvoir ouvrir la porte à la relève.
«Notre génération n’a pas toujours vu des modèles de réussites. C’est important [que des parcours comme le mien] soit connu pour permettre à la génération qui grandit de savoir qu’ils ont une place dans la société et qu’ils peuvent tout réaliser.» – Beverly Salomon, pharmacienne-propriétaire
C’est en 2004 que Mme Salomon avait eu l’occasion d’acheter une franchise de la chaîne Jean Coutu.
«Je travaillais pour [celui qui est devenu] mon associé. Je lui avais mentionné que j’étais intéressée à devenir propriétaire et j’avais pris des cours aux HEC. Quelques mois après, il a eu l’opportunité d’acheter d’autres succursales, mais il devait s’associer, et il me l’a proposé», se rappelle-t-elle.
Au fil du temps, d’autres succursales se sont ajoutées, jusqu’à ce que la paire en possède quatre. En 2010, Mme Salomon s’est séparée de son associé afin de pouvoir mieux concilier le travail et la famille. Elle est devenue à ce moment l’unique propriétaire de la succursale sur la rue Bélanger. «Je vole de mes propres ailes», ajoute-t-elle dans un éclat de rire.
L’une de ses fiertés est notamment d’offrir, à sa franchise, des produits convenant aux cheveux crépus, et des maquillages pour les peaux noires.
En 2015, alors qu’elle était enceinte du dernier de ses trois enfants, elle a remporté le trophée Excell-Pro de Jean Coutu, récompensant l’équipe de laboratoire s’étant le plus démarquée à travers les pharmacies de la chaîne.
«Par la suite, on s’est toujours maintenu dans le top 5. C’est ma mission d’entreprise, qui est vraiment comprise par tous mes employés. Maintenant, ce n’est même plus moi qui veux qu’on excelle, c’est mon équipe», s’exclame-t-elle fièrement.
Elle-même se voit davantage comme la cheffe d’orchestre, qui permet de faire ressortir les forces de ses employés.
«Je trouve ce qu’il y a de bon en chacun, et après, on fait de la magie ensemble. Ce que j’ai appris, au fil du temps, c’est que j’adore la gestion et j’adore le contact humain», remarque Mme Salomon.
Apprendre
L’éducation a toujours été importante dans sa famille. Née au Québec, Mme Salomon a passé les premières années de sa vie en Haïti auprès de sa grand-mère, le temps que sa mère s’intègre à la vie québécoise. Sa famille a également vécu quelques années en Gaspésie, alors que son père s’y était trouvé un emploi.
«L’éducation chez nous était très, très importante, réitère Mme Salomon. C’était non négociable à la maison. C’était un must et une façon de s’assurer que les sacrifices de ma mère puissent en valoir le coût.»
Sur ce plan également, le parcours de Mme Salomon est une réussite, alors qu’elle a complété un certificat en biologie, puis un baccalauréat en pharmacie à l’Université de Montréal, en 2003. Elle révèle qu’elle songe par ailleurs à retourner sur les bancs d’école pour entreprendre un MBA aux HEC Montréal.
«Notre génération n’a pas toujours vu des modèles de réussite. C’est important [que des parcours comme le mien] soit connu pour permettre à la génération qui grandit de savoir qu’ils ont une place dans la société et qu’ils peuvent tout réaliser.»