Il y a un an, l’arrivée de la COVID bousculait la société. D’abord peu affecté dans les premiers temps de la crise, le secteur de Saint-Léonard est graduellement devenu l’un des plus atteints à Montréal au cours de la deuxième vague.
Un revirement qui a donné lieu à plusieurs hypothèses. En décembre, la direction régionale de la Santé publique (DRSP) de Montréal suggérait une possible transmission communautaire, liée à un relâchement des mesures. D’autant que cette hausse n’était pas attribuable à une propagation dans un milieu particulier.
«C’est difficile de mettre le doigt sur un seul élément qui aurait pu contribuer à la situation. Il y a eu différents facteurs qui sont venus jouer là-dessus», croit Sophie-Sylvie Gagné, directrice intérimaire de Concertation Saint-Léonard.
Directeur de l’Accueil aux immigrants de l’Est de Montréal (AIEM), Roberto Labarca s’explique tout aussi mal les causes de cette flambée des cas. «Il y a probablement plusieurs qui l’expliquent, mais en vérité, on n’a pas de réponse», admet-il.
Ils ne sont pas les seuls à avoir de la difficulté à comprendre ce revirement. En date du 3 mars, la Santé publique avait enregistré une proportion cumulative de 8 259 cas par 100 000 habitants pour le secteur de Saint-Léonard, le deuxième pire après Montréal-Nord.
À 17,5 %, le taux de positivité cumulatif depuis le début de la crise est également le deuxième plus haut enregistré, encore une fois après l’arrondissement de Montréal-Nord.
«C’est la réalité de Saint-Léonard, et je crois que les gens ne veulent pas encore l’accepter. Le portrait socio-économique de Saint-Léonard a changé. C’en est une preuve», estime Beverley Jacques. Directeur de DOD Basketball, il s’est rapidement impliqué sur les cellules de crise mises en place pendant la crise.
Il rappelle qu’une frange de la population devait continuer de travailler malgré tout et n’avait pas d’autre choix que d’utiliser le transport en commun pour se déplacer.
«Ce sont les arrondissements les plus démunis qui ont davantage souffert. Veut, veut pas, Saint-Léonard en fait partie», soutient-il.
Collaboration
Dès les débuts de la crise, les organismes locaux s’étaient mobilisés pour faire face à la situation. Une cellule de crise, regroupant autant des intervenants du milieu communautaire, que des représentants de l’arrondissement, du Centre intégré universitaire de santé
et de services sociaux (CIUSSS) et du Centre de services scolaire (CSSPI) avait rapidement été mis sur pied.
«Il y a eu une belle solidarité entre organismes et institutions pour essayer de répondre le mieux que possible aux besoins et pour chercher des financements afin de répondre à des enjeux collectifs. Beaucoup sont allés bien au-delà de leur mission pour contribuer», se rappelle Mme Gagné.
Un avis que partage également M. Jacques. «À Saint-Léonard, c’est une force. On est capable de travailler ensemble. Tout le monde veut mettre la main à la pâte, d’une manière ou d’une autre», ajoute-t-il.
De son côté, M. Labarca remarque aussi qu’une certaine période d’adaptation a été nécessaire en début de crise, alors que tous devaient apprendre à utiliser les outils numériques. Il remarque lui aussi que la collaboration entre les différents organismes s’est faite facilement.
«Il y avait une volonté de tout le monde de se mettre ensemble pour aider les familles. Depuis quelques années, des partenariats s’étaient développés à Saint-Léonard. Je crois que ça nous a facilité le travail, même si on était à distance, vu que la confiance était déjà installée», remarque-t-il.