Le bon samaritain qui a risqué sa vie pour sauver du brasier un père de famille léonardois, le 4 mars, estime n’avoir fait que son devoir de citoyen.
«Je sais que j’aurais pu mourir, mais ça ne me dérange pas. Il y avait une personne en danger. Une vie humaine, ça n’a pas de prix, c’était mon devoir d’y aller», confie Hichem Ayoub.
Alors qu’il était au volant du véhicule de transport adapté qu’il utilise pour le travail, M. Ayoub est passé devant le 5452, boulevard des Grandes-Prairies. C’est lorsqu’il a entendu une dame crier «Au feu!» que l’homme de 40 ans a rebroussé chemin pour se garer.
«Je n’ai pas hésité une seconde», mentionne-t-il.
Le bon samaritain s’est précipité à l’intérieur, malgré le fait que l’immeuble à logement était déjà la proie des flammes. Selon les dires de l’homme, plusieurs témoins regardaient le bâtiment de la rue, sans oser s’approcher.
En poussant la porte, M. Ayoub a découvert le propriétaire de l’immeuble, Francisco Martoccia, inconscient dans l’entrée de sa demeure. L’homme, qui se déplace en marchette, n’avait pas eu le temps de sortir assez rapidement.
«C’était le temps que j’arrive. Ses vêtements étaient sur le point de prendre feu», raconte-t-il, encore ému.
Blessure au dos
Incommodé par la fumée, l’homme a tout de même sorti la victime sur le balcon. Un voisin l’a ensuite aidé à éloigner le corps inanimé du danger.
En sauvant Francisco Martoccia, M. Ayoub s’est blessé au dos et à l’abdomen.
«Je vais subir une opération dans les prochaines semaines, mais honnêtement, les blessures ne sont rien à côté du résultat. Je suis heureux qu’une famille puisse être réunie aujourd’hui.»
La chance d’être en vie
De son côté, M. Martoccia a encore de la difficulté à exprimer toute sa reconnaissance envers son sauveur.
«C’est évident que sans son courage, je ne serais plus ici, auprès de ma famille, mentionne-t-il le trémolo dans la voix. Je ne pourrai jamais assez le remercier.»
M. Martoccia était seul quand le feu s’est déclaré dans l’une des chambres de son logement, ses enfants étant au travail.
Quand le propriétaire a vu la fumée, il est parvenu à s’approcher de l’entrée en longeant les murs.
«Je n’ai pas eu le temps d’attraper ma marchette. Après avoir averti mes locataires, je suis retourné à l’intérieur pour prendre des chaussures», raconte-t-il.
C’est à ce moment qu’il a perdu connaissance.
Même si M. Martoccia qualifie son sauveur de héros, M. Ayoub, lui, refuse d’être décrit ainsi.
«C’est certain que c’est un événement marquant pour moi, mais je considère avoir seulement fait ce qu’il fallait. S’il y a quelque chose qu’on peut retenir de cela, c’est qu’il faut être là pour s’entraider, peu importe nos origines ou notre religion», conclut l’algérien d’origine, installé au Québec depuis une vingtaine d’années.