Sud-Ouest

Crainte d’une hausse des logements barricadés HLM à Montréal

logements barricadés

Des logements, comme ceux de la rue Workman dans la Petite-Bourgogne, sont en mauvais état.

Une campagne afin d’éviter la multiplication des HLM barricadés à Montréal voit le jour alors que des locataires et des intervenants du milieu craignent une hausse des logements inaccessibles au cours de la prochaine année.

Dans la métropole, près de 325 unités de type HLM étaient inhabitées et barricadées en septembre dernier. La Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) craint toutefois que ce nombre soit à la hausse au cours de la prochaine année, car 57% des immeubles de l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM) seraient de niveau E, soit la pire cote de vétusté sur l’échelle gouvernementale en matière d’infrastructure dans la province.

«Chaque année, il y a des logements qu’on doit barricader parce qu’ils sont devenus insalubres. Pendant des années, il y avait des familles qui vivaient dans ces immeubles-là dans des logements qui étaient sur le bord de l’insalubrité», déplore le coordonnateur de la FLHLMQ, Robert Pilon, devant un HLM barricadé de la rue Workman dans la Petite-Bourgogne.

Le bâtiment serait d’ailleurs inaccessible depuis quelques années.

«Une solution [à la crise du logement] serait de commencer à remettre en état des logements qui ne sont pas habités ou qui ne sont pratiquement pas habitables. Ça prend des investissements.» – Robert Pilon

Les listes d’attentes de l’OMHM débordent depuis longtemps. En ce moment, 24 000 ménages seraient à la recherche d’un loyer.

«Le problème, c’est que quand on barricade des logements, on reloge les familles dans les logements HLM qui se libèrent. Donc, les gens qui sont sur la liste d’attente demeurent sur la liste d’attente», souligne-t-il.

Mauvais état

Une estimation réalisée par l’Office en 2020 montre que 154 bâtiments de Montréal ont une cote A, B ou C. Pour les immeubles qui nécessiteraient des rénovations, 205 bâtiments obtiennent le niveau D, alors que 479 ont été classés comme E.

De la moisissure, des toitures et des revêtements extérieurs non rénovés, un système électrique et une plomberie en mauvais états: ce ne sont que quelques problèmes auxquels font face les locataires des logements en mauvais états.

L’OMHM estime à 792 M$ les investissements nécessaires pour remettre dans un état acceptable les immeubles de logements de niveau E. Près de 200 M$ supplémentaires seraient également demandés pour rénover les HLM cotés D par l’OMHM.

«C’est beaucoup d’argent, mais c’est le fruit d’une négligence. […] On n’a pas suffisamment investi dans les 20 dernières années. On récolte des immeubles en mauvais état», affirme M. Pilon.

Entre temps, en pleine crise du logement, le coût des loyers ne rejoint pas les moyens financiers de tout le monde. La situation actuelle amène également son lot de complexité.

«Les travailleurs n’arrivent même plus à se loger à Montréal. Les gens dans les HLM ont encore moins de revenus et n’ont pas les moyens de déménager», explique pour sa part un des représentants des locataires et membres du comité consultatif des résidents des HLM, Richard Gagné.

L’OMHM compte 20 810 logements répartis dans 838 immeubles à Montréal. La moyenne d’âge des bâtiments est de 43 ans.

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