Ces lignes sont tirées de Carnet du nouveau monde, poème qui clôt Le Bruissement des possibles et qui se développe à partir des impressions d’un tout jeune enfant découvrant le monde. Chacun des poèmes du recueil procède ainsi du quotidien, des événements qui surviennent dans nos vies à tous. L’écriture est simple, on n’y trouve ni hermétisme ni pédantisme, même si, à l’occasion, Lao-tseu, Dante et Rimbaud sont discrètement convoqués. Cette simplicité se révèle, aussitôt, très proche de la vérité (ou du mystère) des choses; en réalité, elle se décale un tout petit peu (de l’immédiat) et nous voilà en train de dire
Flocons fragments du météore pur.
Paroles que l’on rassemble comme du bois mort
pour nourrir le feu qui nous consume.
Cendres bleues des villages
endormis au creux des mains.
Ce soir, il neige sur l’épaule des montagnes
fragiles qui disparaissent
dans la brume de leur mythe.
Par moments, nous voilà tout près de Parménide:
l’être immobile en son cours
si nous pouvions en fixer l’image
aurait l’allure d’une mer étale.
Il est bien difficile de dire ce qu’est un poème réussi (quelqu’un l’a-t-il déjà fait?). Mais, ce que je sais, c’est que la beauté habite la poésie d’Antoine Boisclair.
En terminant:
Ta respiration emplissait la chambre de paix
jusqu’aux premières lueurs de l’aube.
Un palais s’élevait dans la brume.
Une clé commune sommeillait dans nos mains.
Bernard Fraser, résident de Villeray