Le président international de Médecins sans frontières (MSF) a demandé mercredi à Athènes d’«évacuer d’urgence» les migrants vulnérables qui se trouvent dans les camps surpeuplés des îles grecques.
Christos Christou a visité ces camps la semaine passée, et il a dénoncé lors d’une conférence de presse à Bruxelles des conditions comparables à celles observées dans des zones de guerre ou de catastrophe naturelle.
«Des milliers de personnes vivent dans des conditions inhumaines à l’approche de l’hiver», a estimé M. Christou, qui a pointé du doigt les responsables européens, jugeant que leurs politiques infligent une souffrance «simplement impossible à mesurer».
L’organisation fait partie des ONG qui ont sonné l’alarme sur la situation des camps de migrants dans les îles grecques.
Ces centres, prévus pour accueillir environ 7000 personnes mais dans lesquels se trouvent plus de 39 000 migrants, sont devenus des zones d’attente pour les demandeurs d’asile — pour beaucoup en provenance d’Afghanistan ou de Syrie — qui patientent pendant des mois, voire des années, jusqu’à ce que leur demande soit traitée.
Le gouvernement grec a annoncé la semaine passée la fermeture prochaine et le remplacement par des structures fermées des trois camps de migrants les plus surpeuplés et les plus insalubres, sur les îles de Lesbos, Samos et Chios.
Pendant que Christos Christou s’exprimait à Bruxelles, le chef du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) Filippo Grandi a exhorté la Grèce, depuis le camp de Moria sur l’île de Lesbos, à améliorer «en urgence» les conditions de vie des migrants.
«Quelle que soit la situation de ces gens, nous ne pouvons accepter qu’ils vivent dans des conditions si misérables, exposés à la violence et à l’exploitation», a-t-il jugé.
En 2016, l’Union européenne et la Turquie ont signé un accord qui a fait chuter les arrivées de migrants vers l’Europe via la Grèce, mais leur nombre est reparti à la hausse en 2019.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan de son côté menace régulièrement de dénoncer l’accord et d’«ouvrir les portes» vers l’Europe pour des millions de réfugiés actuellement en Turquie si les Européens ne soutiennent pas ses projets de rapatriement des Syriens vers leur pays.
MSF demande aux autorités grecques de transférer les femmes, les enfants et les malades des îles vers le continent, où quelque 22 000 personnes se trouvent également dans des camps qui arrivent aussi à saturation.
M. Christou a également appelé les autres pays de l’UE à accueillir une partie des milliers de migrants actuellement en Grèce.