Les États-Unis ont annoncé jeudi l’interdiction prochaine de la plupart des arômes de cigarettes électroniques utilisant des cartouches, prisées des jeunes. Mais le menthol et les vapoteuses utilisant des réservoirs resteront autorisés, un compromis adopté après le lobbying de la filière.
La décision prendra effet début février et interdira les recharges aux goûts fruits, menthe ou bonbon, par exemple. Juul, le leader du marché et la marque préférée des collégiens et lycéens américains, avait anticipé la décision et déjà retiré ces arômes aux États-Unis, ne laissant que ses goûts tabac et menthol en vente.
L’arôme menthol pourra continuer à être vendu par tous les fabricants, a annoncé l’agence américaine du médicament, la Food and Drug Administration (FDA), qui a autorité sur le marché.
Les réservoirs rechargeables toujours permis
Les vapoteuses utilisant des réservoirs rechargeables, qui permettent aux utilisateurs de faire leurs propres mélanges entre nicotine ou cannabis et arômes, et sont vendues dans des magasins spécialisés appelés «vape shops», continueront à être autorisées. Le motif est que ce sont principalement les adultes qui les consomment, notamment ceux qui veulent arrêter de fumer.
«Ce sont les systèmes à cartouche et à pods qui ont créé le problème, c’est ce qui attire les enfants», a dit Alex Azar, secrétaire à la Santé, dans une conférence téléphonique. «Les enfants n’utilisent majoritairement pas les systèmes à réservoirs ouverts».
«Notre objectif est de voir si les cigarettes électroniques peuvent servir de voie de sortie pour les fumeurs adultes qui sont dépendants aux cigarettes combustibles, nous pensons que c’est une possibilité», a-t-il justifié.
Vapotage populaire chez les jeunes
C’est ce même ministre qui avait annoncé en septembre, après une rencontre dans le Bureau ovale avec le président, que tous les arômes, y compris le menthol, seraient interdits, dans le but de stopper le vapotage des jeunes. A la fin de l’été, une crise de maladies pulmonaires sévères et parfois mortelles liées au vapotage s’était greffée à l’inquiétude générale provoquée par le succès de Juul chez les jeunes.
27,5% des lycéens de dernière année disaient avoir vapoté dans les 30 derniers jours, selon l’enquête tabac gouvernementale 2019, contre 11,3% en 2016.
Cette annonce avait suscité une grande campagne de pression de l’industrie du tabac et du vapotage pour que le gouvernement fasse machine arrière, en faisant valoir les conséquences électorales pour le président, candidat à sa réélection en novembre.
Donald Trump avait fait savoir qu’il se contenterait finalement d’un relèvement de 18 à 21 ans de l’âge légal pour acheter des produits de vapotage. «Nous allons nous occuper de l’industrie», avait-il encore dit mardi soir.
Le Congrès américain, fin décembre, a voté le nouvel âge minimum de 21 ans, qui devrait s’appliquer concrètement d’ici septembre dans l’ensemble des États-Unis. Jusqu’à présent, seuls 19 des 50 États américains avaient adopté l’âge légal de 21 ans, comme pour la cigarette.
La fin du laissez-faire
Le nouveau paysage réglementaire du vapotage se précise donc, après des années de laissez-faire.
Depuis 2016, la FDA avait autorité sur le vapotage et une autorisation était techniquement nécessaire pour la vente de tout produit, comme pour les cigarettes.
Mais l’agence fédérale avait choisi de ne pas appliquer cette règle, préférant observer le marché dans l’espoir que le vapotage puisse être une solution de santé publique pour les fumeurs qui voudraient arrêter la cigarette. Le Royaume-Uni a adopté cette position.
Désormais, la FDA va appliquer l’interdiction, mais de façon sélective.
D’ici février, les cartouches aux arômes autres que tabac et menthol seront donc interdits. Leurs fabricants pourront déposer une demande d’autorisation, mais n’auront pas le droit d’être distribués sans autorisation.
Pour tous les autres produits, les fabricants et distributeurs, y compris les «vape shops» qui réalisent des mélanges, devront déposer une demande d’autorisation d’ici mai 2020. Ils pourront continuer à être en vente dans l’intervalle, et jusqu’à 12 mois après le dépôt du dossier.
Tous devront justifier d’un intérêt de santé publique, et que leurs produits ne visent pas les jeunes.
Ce schéma «devrait avoir un impact minimal sur les vape shops» qui se concentrent sur les vapoteuses à réservoirs et qui contrôlent bien l’âge de leurs clients, a dit Mitch Zeller, directeur du centre tabac de la FDA.