Avec une partie de sa famille, dont ses grands-parents, qui vivent a Kherson en Ukraine, la Montréalaise Katia Sviderska a vécu les combats, l’occupation de la ville et sa libération à distance. Métro l’a rencontrée.
«On avait raison d’avoir espoir», s’exclame Katia au téléphone, le 16 novembre, quelques jours après l’entrée des forces ukrainiennes dans la ville de Kherson située au sud du pays. «L’enfer que ma famille a vécu pendant neuf mois est fini», enchaîne la jeune habitante de l’Île-des-Sœurs.
Les propos de Katia ont évolué en une semaine. Contactée le 9 novembre, jour de l’annonce du retrait des troupes russes de Kherson, elle était méfiante envers cette nouvelle, même si l’annonce lui apportait alors une «lueur d’espoir».
Ses grands-parents et une partie de ses proches vivant à Kherson y sont restés depuis le début du conflit. Cette ville a été la seule capitale d’une région (oblast de Kherson) à tomber dans les mains de la Russie, dès les premiers jours de l’invasion de l’Ukraine.
Après une contre-offensive des Ukrainiens dans la région, les Russes ont annoncé le retrait de leurs forces militaires de la ville le 9 novembre. Deux jours plus tard, les drapeaux ukrainiens flottaient sur la capitale régionale.
Un soulagement généralisé
Interrogée sur ses sentiments et ceux de ses proches en Ukraine, Katia Sviderska n’y pense pas deux fois: c’est le soulagement qui domine. Elle évoque tout de même un certain choc qu’elle partage avec sa famille.
«On y croyait mais on ne savait pas quand ça allait arriver», explique-t-elle. Katia ajoute qu’étant donné que le courant avait été coupé dès le 7 ou le 8 novembre, ses grands-parents avaient fait des provisions, n’étant pas certain que la libération serait prochaine.
Les gens sur place ont du mal à y croire. Il y a une atmosphère de fête depuis vendredi et la ville revit.
Katia Sviderska
Si, aujourd’hui, la jeune Ukraino-Canadienne ressent du soulagement, elle a d’abord été sous le choc le 11 novembre. Même en s’y attendant, «voir nos drapeaux en ville, apercevoir des proches dans les vidéos [de liesse des habitants de Kherson]» fut tout un évènement pour elle.
Des inquiétudes persistantes
Pour autant, tout n’est pas rose dans cette situation. Katia affirme avoir eu des nouvelles de sa grand-mère très furtivement, alors que le réseau est encore coupé à Kherson. Il en est de même pour le courant.
Les vidéos de joie diffusées sur les médias sociaux où la Montréalaise a aperçu des proches a cependant permis de rendre cette libération très concrète, même sans contact direct à cause des soucis de communication.
«C’est une victoire pour nous, mais la guerre continue», avance Katia, citant la pluie de missiles tombés sur son pays d’origine le 15 novembre. Elle croit cependant qu’il «faut saisir le momentum» et que l’armée ukrainienne bénéficie d’un avantage psychologique.
Le conflit en Ukraine est marqué par les crimes de guerre dans les zones occupées. «Parmi la communauté, il y a eu beaucoup de pillages mais mes grands-parents ont été épargnés, rapporte Katia. Sur les crimes comme les viols et les tortures, je n’ai pas personnellement eu d’échos», spécifie-t-elle, tout en signalant avoir vu passer des témoignages en ligne.
La fin de la peur
Vivant le conflit à distance depuis ses débuts, Katia Sviderska a d’abord ressenti de la peur en février. Puis «l’instinct de survie s’est réveillé», se souvient-elle. Elle a alors ressenti beaucoup de motivation et un «instinct de vouloir aider le pays». Pour elle, pendant neuf mois de conflit, cette attitude n’a jamais cessé malgré des «up and down» du moral.
En décembre, la Montréalaise devrait pouvoir se rendre en Ukraine. Elle l’évoquait dès les premières annonces de retrait des troupes mais avec la libération officielle, elle planifie déjà un long voyage où elle devra transiter par les pays voisins que sont la Moldavie et la Pologne. Elle devrait ainsi pouvoir passer les Fêtes réunie avec sa famille.