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Métro s’est intéressé à l’évolution des droits des personnes transgenres dans le monde.
De plus en plus de pays reconnaissent les droits des transgenres et tentent de les protéger. Ainsi, en mars dernier, Malte est devenu le deuxième pays européen, après le Danemark, à permettre aux personnes transgenres de modifier leur statut légal sans avoir obtenu d’abord l’aval des autorités médicales ou de l’État. Et pourtant, la discrimination et la violence que subissent ces personnes restent préoccupantes. Ainsi, l’organisme Transgender Europe a recensé 1730 meurtres de transgenres l’an dernier.
«Sur le plan de la reconnaissance des droits des personnes LGBTI (NDLR: lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuées), l’époque actuelle pourrait être comparée à celle durant laquelle l’esclavage a été aboli, c’est-à-dire la deuxième moitié du XIXe siècle», explique Tamara Adrián, coprésidente de l’Association légale internationale pour les lesbiennes, les gais, les bisexuels et les transgenres, depuis le Venezuela où elle habite. «Quand elles n’ont pas d’identité légale qui correspond à leur identité de genre, les personnes transgenres se retrouvent dans une situation similaire à celle d’un immigrant illégal. C’est très difficile pour elles d’obtenir un diplôme, de trouver un bon travail et de jouir des mêmes droits fondamentaux que le reste de la population.»
Dans les pays où l’accès à une identité légale correspondant à l’identité de genre a été facilité, les experts ont pu observer une progression rapide de l’inclusion de la population transgenre, ainsi qu’une diminution de la violence et de la discrimination dont elle est souvent l’objet, comme en font foi des études menées récemment au Mexique et en Argentine.
«Oui, les choses s’améliorent dans le monde. Bien des sociétés deviennent plus tolérantes envers les personnes transgenres», confirme Vreer Verkerke, une Néerlandaise transgenre de 59 ans qui vit à Amsterdam. «Mais il reste du chemin à faire. En ce qui me concerne, les plus grandes difficultés auxquelles je dois faire face sont liées à mon apparence, qui révèle que je suis transgenre. Or, ce n’est pas valorisé. Les réactions que je suscite sont variées: elles peuvent aller de la violence et des agressions jusqu’aux insultes et à la discrimination. Aux Pays-Bas, 29% des personnes transgenres occupent un emploi pour lequel elles sont surqualifiées ou, pire, sont au chômage. Et souvent, les employeurs tentent de licencier les employés qui effectuent leur transition de genre de manière visible au travail. Les organismes de promotion de l’égalité de l’Union européenne aussi bien que les tribunaux condamnent cette pratique.»
«Vous devriez adapter votre perception des gens à ce qu’ils disent être et ressentir, au lieu de vous fier seulement à leur corps. Personne n’a besoin d’examiner son propre corps pour savoir qui il est.» – Andreja Pejić, mannequin australienne transgenre de 23 ans
Ces dernières années, plusieurs célébrités ont fait avancer la cause des personnes transgenres. Ainsi, la vedette de téléréalité américaine Bruce Jenner, qui a annoncé sa transition vers le genre féminin en avril dernier, devrait susciter une meilleure compréhension et acceptation de la part de la population, espère la communauté LGBT. L’an dernier, la top-modèle australienne Andreja Pejić, après avoir subi une chirurgie pour devenir physiologiquement une femme, a fait publiquement la promotion de la diversité, en expliquant pourquoi l’industrie de la mode devrait faire preuve de plus d’ouverture. Dans une entrevue exclusive accordée à Métro, elle précise que sa sortie «a tout à voir avec le fait de prouver [s]a valeur dans l’industrie, de défendre les droits des personnes transgenres et d’obtenir davantage de respect pour les mannequins transgenres. Parce qu’en ce moment, du respect, il n’y en a aucun.»
De fait, bien du travail reste à accomplir pour que les droits des transgenres soient respectés. «Pour vraiment atteindre l’égalité, il faut que la diversité des genres soit acceptée partout, aussi bien dans le cadre de la vie privée que dans le domaine légal, et dans toutes les couches de la société», affirme Vreer Verkerke. «Les leaders religieux devraient plaider en faveur de l’ouverture à la diversité, plutôt que de bannir les personnes transgenres et de les condamner à vivre en marge de la société. Il faudrait voir émerger une société et même une planète tournées vers l’acceptation et la reconnaissance de tous les êtres humains, quels que soient leur genre en termes d’identité et d’expression, leur origine raciale ou leur orientation sexuelle.»
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