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«Mon bro»: challenger les codes de la masculinité 

Philippe Lacroix et Yann Aspirot incarnent Tom et Greg dans «Mon bro». Photo: Mon bro

La websérie humoristique Mon bro invite les internautes dans le quotidien de Greg et Tom, deux amis d’enfance qui vivent leur relation fusionnelle en colocation. À la fois attachante et ultra malaisante, leur amitié joue sur l’ambiguïté, les stéréotypes et les codes de la masculinité. 

«Dans ma vie, j’ai souvent eu des relations ambiguës avec des amis», raconte à Métro le comédien et danseur Yann Aspirot, cocréateur et coauteur de Mon Bro avec l’animateur Philippe Lacroix. Tous les deux ont observé que l’amitié entre hommes – du moins, autour d’eux – ne passait plus par une sorte de nécessité de suraffirmer son hétérosexualité, mais que certaines démonstrations d’affection peuvent toujours susciter un malaise depuis un regard extérieur.  

Si l’idée de la série – qui se déploie en capsules diffusées sur TikTok et Instagram – a d’abord germé de leur vécu, c’est bien une fiction que le duo livre, avec tout ce qu’il y a de démesuré et d’absurde. Les grandes lignes sont simples et efficaces: Greg est hétéro, mais laisse parfois croire le contraire par ses gestes et ses paroles, tandis que Tom est gai et se fait constamment dire qu’il «a l’air straight».  

Ça a l’air de quoi, un gai? 

Philippe et Yann, qui incarnent respectivement Greg et Tom, misent sur les idées préconçues que le public peut avoir. C’est d’ailleurs comme ça qu’ils ont déterminé lequel des deux jouerait qui: Yann ne correspondant pas à un certain stéréotype de l’apparence d’un homme homosexuel, il devenait le parfait anti-casting.  

Qu’est-ce que ça vaut, aujourd’hui, cette idée d’avoir l’air gai ou pas? Nous, on joue là-dedans, parce qu’on trouve ça plus drôle qu’autre chose. 

Philippe Lacroix 

Bien qu’on soit dans une époque où l’on souhaite majoritairement éviter de catégoriser les gens, tout le monde finit par le faire, même avec «les meilleures volontés du monde», croit Yann. C’est dans cet ordre d’idées qu’on s’aventure dans la satire avec un épisode comme Gay ou Français? dans lequel les deux gars, dont l’apparence contredit les clichés, misent eux-mêmes à fond sur les stéréotypes. Du coup, on se marre de ouf! 

Yann, qui affirme se faire dire qu’il n’a «pas l’air gai» beaucoup moins qu’il y a quelques années, souligne toutefois un double standard: «Si on fait l’exercice inverse et qu’on dit à un hétéro qu’il n’a pas l’air straight, c’est presque sûr que le gars va se sentir attaqué. D’où la masculinité toxique.» 

L’avenir des bros 

Cette masculinité toxique, les deux garçons la ridiculisent en allant dans l’extrême opposé, mais il n’est pas impossible qu’ils l’abordent de manière plus frontale advenant que leur format évolue.  

Si les capsules de trois minutes chacune qu’ils partagent sur les réseaux sociaux doivent être pensées pour puncher, un autre mode de diffusion leur permettrait d’explorer les personnages sous de nouveaux angles.  

Dans sa forme actuelle, Mon bro se prend un peu comme une sitcom: on peut tomber sur le cinquième épisode, ne rien connaître des personnages et rire quand même parce que les gags sont bien placés. Et parce que les deux amis agissent généralement comme un couple, ça a un petit côté Un gars, une fille – disons Un gai, un hétéro – qui est loin de déplaire. 

«Avec la plateforme qu’on a en ce moment, on développe vraiment l’idée sur le plan humoristique, mais il y a quelque chose de plus dramatique en dessous de ça qu’on ne peut pas explorer dans le format actuel et qu’on garde pour une série plus linéaire», confie Philippe Lacroix, qui précise que le projet qu’ils développent n’est pour le moment pas associé à une boîte de production.  

Le message est lancé! 

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