SAINT-PÉTERSBOURG, Russie – Le président russe Vladimir Poutine a tenté de provoquer la division entre les pays européens, vendredi, alors qu’il a invité l’Occident à faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle honore tous les engagements de réformes politiques inclus dans les accords de Minsk.
Les remarques du président Poutine surviennent après une vague de combats violents dans l’est de l’Ukraine et peu avant le renouvellement imminent des sanctions internationales qui frappent des pans entiers de l’économie russe.
Le dirigeant russe a toutefois balayé du revers de la main l’état lamentable de l’économie nationale, assurant les participants du Forum économique international de Saint-Pétersbourg — surnommé le «Davos russe» — que la situation s’était «stabilisée».
Plus tard, il a toutefois admis que les sanctions frappaient aussi durement l’Europe que Moscou et que la perte de dizaines de milliards de dollars affectait l’économie mondiale dans son ensemble.
Au lieu de montrer des signes de conciliation, Vladimir Poutine a demandé à Washington et aux autres pays occidentaux, dont le Canada, de faire pression sur Kiev pour que le gouvernement ukrainien «mette pleinement en œuvre» les accords de Minsk signés l’hiver dernier. Il souhaite particulièrement voir la réforme constitutionnelle promise donner plus d’autonomie aux régions rebelles.
Vendredi, le président Poutine a choisi d’esquiver les questions concernant l’implication russe dans ce qu’il qualifie de «guerre civile». Cependant, le président ukrainien Petro Porochenko a clairement fait comprendre qu’aucune réforme n’aurait lieu tant que des troupes russes demeureraient sur son sol.
Le premier ministre canadien Stephen Harper et son ministre des Affaires étrangères, Rob Nicholson, ont appuyé à plusieurs reprises la demande de retrait russe faite par M. Porochenko.
Le président russe fait preuve de fermeté alors qu’il devient de plus en plus clair que la solidarité entre les pays européens — essentielle au maintien des sanctions contre son pays — est mise à mal par la possibilité d’un changement de position grec.
La tentative russe de courtiser la Grèce est d’ailleurs devenue encore plus évidente vendredi après le discours du premier ministre Alexis Tsípras au Forum économique international de Saint-Pétersbourg. S’adressant à un parterre international de gens d’affaires, M. Tsípras a laissé entendre à mots couverts que son pays préparait le terrain en vue de quitter l’Union européenne pour se rapprocher de la Russie.
Il a expliqué que son pays était au centre d’une tempête, mais qu’il était prêt à l’affronter et à traverser «de nouvelles mers pour atteindre de nouveaux ports sûrs».
Vendredi, le ministre russe de l’Énergie a par ailleurs annoncé un accord de 2,77 milliards $ sur la prolongation d’un gazoduc russe en Grèce.