Le 3 octobre prochain, les Québécois se rendront aux urnes afin d’élire le prochain gouvernement, sur fond d’inflation galopante et de hausse du coût de la vie.
Dans ce contexte difficile, il n’est pas fou d’affirmer que l’économie pèsera lourd dans la balance pour de nombreux électeurs au moment de remplir leur bulletin de vote.
Nous avons donc parcouru les plateformes électorales des principaux partis politiques à la recherche des promesses et mesures qui auront un impact direct et immédiat sur votre portefeuille. Nous espérons ainsi vous aider à faire un choix plus éclairé pour vos besoins financiers.
Coût de la vie
Le coût de la vie est sur les lèvres de tous les Québécois. Les partis politiques proposent donc plusieurs mesures pour atténuer l’impact de l’inflation sur les finances des électeurs. Les voici:
Coalition avenir Québec (CAQ)
La formation de François Legault, premier ministre sortant, propose d’envoyer un nouveau chèque pour aider les Québécois face à la hausse du prix de l’essence, de l’épicerie et des loyers, comme il l’avait fait plus tôt cette année. Cette mesure prendrait la forme d’un versement de 600 $ pour les personnes ayant un revenu annuel inférieur à 50 000 $ et de 400 $ pour celles ayant un revenu entre 50 000 $ et 100 000 $. Ces chèques seraient envoyés d’ici la fin de l’année.
Parti libéral du Québec (PLQ)
Le Parti libéral propose de geler les tarifs d’électricité pendant un an. La taxe de vente du Québec (TVQ) ne serait plus prélevée sur la facture d’électricité sous un mandat libéral; le parti voudrait établir un mécanisme indépendant pour déterminer les tarifs plutôt que les rattacher à l’inflation.
Le Parti libéral arrêterait aussi le prélèvement de la TVQ sur les produits de première nécessité comme le dentifrice et les médicaments en vente libre.
Québec solidaire (QS)
Québec solidaire promet d’établir le salaire minimum à 18 $ de l’heure. Le parti voudrait également mettre en place un projet pilote sur le revenu minimum garanti.
Québec solidaire compte également suspendre la TVQ sur des milliers de produits essentiels, comme la nourriture, les vêtements, les médicaments en vente libre ou encore les services de réparation. Cette mesure resterait en place jusqu’à ce que l’inflation retourne à un niveau normal de 3 %.
Parti québécois (PQ)
La formation voudrait mettre en place ce qu’elle appelle une allocation «pouvoir d’achat» à tous les Québécois d’ici le 31 décembre. Cette allocation serait de 1200 $ pour les personnes avec un revenu inférieur à 50 000 $, et de 750 $ pour celles avec un revenu de 50 000 $ à 80 000 $.
Le Parti québécois voudrait aussi doubler le montant du crédit de solidarité. Il compte aussi établir le salaire minimum à 18 $/heure d’ici trois ans.
Parti conservateur du Québec (PCQ)
Un gouvernement conservateur suspendrait les taxes sur l’essence. Le parti éliminerait également les taxes sur la revente de biens usagés, y compris les voitures.
Impôts
Face à la pression exercée sur les finances des Québécois, les partis proposent différentes approches en lien avec les impôts et la fiscalité. Voici leurs promesses.
CAQ
La CAQ propose de baisser d’un point de pourcentage le taux d’imposition des deux premiers paliers, dès 2023. Dans un horizon de 10 ans, le parti voudrait baisser le taux de 2,5 points pour ces deux mêmes paliers.
PLQ
Du côté du PLQ, on propose plutôt de réduire de 1,5 point l’imposition pour les personnes dont le revenu se situe sous le seuil de 92 580 $. Les libéraux voudraient également créer un nouveau palier d’imposition pour les contribuables qui gagnent 300 000 $ et plus par année. Ceux-ci se verraient imposer de 27,75 %.
QS
Les solidaires excluent toute baisse d’impôt et privilégient plutôt un nouvel impôt sur les grandes fortunes (plus de 1 million de dollars d’actifs nets). De plus, les successions supérieures à ce montant seraient donc imposées à 35 %, à l’exception des terres agricoles. Les contribuables qui gagnent plus de 100 000 $ par année seraient aussi touchés par une hausse de leurs impôts.
Québec solidaire voudrait également taxer l’ensemble des gains en capital, à l’exception de la vente d’une résidence principale. Le parti voudrait également créer une déclaration de revenus unique qui serait gérée par le gouvernement du Québec.
PQ
Le PQ se dit contre les baisses d’impôts et ne propose donc pas de changements relatifs à ceux-ci, mais assure qu’il proposera au cours de sa campagne des mesures pour réduire les coûts de l’essence, de l’épicerie et du logement.
PCQ
Le PCQ augmenterait l’exemption personnelle de base à 20 000 $ au lieu de l’actuel 15 728 $. Cette augmentation serait rétroactive pour 2022. Le parti réduirait aussi le taux d’imposition des contribuables qui gagnent moins de 46 295 $ par an de 15 % à 13 %, et celui de ceux gagnant entre 46 295 $ et 92 580 $ de 20 % à 18 %. À long terme, le parti voudrait instaurer un impôt à taux unique.
Finances familiales
Les familles subissent de plein fouet l’inflation. Pour aider les parents québécois, les partis proposent plusieurs mesures.
CAQ
La formation promet que chaque enfant aura accès d’ici 5 ans à une place à contribution réduite, c’est-à-dire à 8,70 $ par jour. Pour parvenir à cela, la CAQ compte convertir 56 000 places du réseau de garderies privées non subventionnées en places subventionnées.
La CAQ a aussi promis une bonification de l’allocation familiale mais n’a pas encore effectué de promesse à ce sujet.
PLQ
Les libéraux promettent de créer 15 000 places en service de garde de plus que prévu afin que tous les enfants puissent y accéder d’ici 5 ans. Toutes les places non subventionnées le deviendraient. Le tarif serait le même pour tous, soit 8,70 $ par jour.
Cependant, le PLQ compte aussi doubler le montant du supplément pour l’achat de fournitures scolaires, le faisant passer de 108 $ à 215 $ par an. Le crédit d’impôt remboursable pour l’inscription à des activités artistiques, physiques, récréatives ou culturelles serait aussi rehaussé de 500 $ à 1 000 $ par enfant. Ce montant pourra être utilisé pour l’achat d’équipement ou pour s’inscrire à des compétitions.
QS
Les solidaires promettent de fournir aux parents sans place en garderie une « prestation poupon » de 870 $ par mois. Le parti veut développer des micro-CPE dans les petites localités ainsi que les milieux de travail et d’éducation. Il promet de convertir le maximum de garderies privées non subventionnées en CPE possible et de créer 37 000 places dans un premier mandat.
Québec Solidaire promet aux personnes à faible revenu qui ont accès au Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) de verser 100 % de leur salaire lors du congé parental prévu dans ce programme. Le parti compte également éliminer tous les frais scolaires au primaire et au secondaire, y compris pour les programmes artistiques et sportifs.
PQ
Le Parti québécois veut offrir à chaque enfant une place subventionnée d’ici la fin d’un premier mandat. Le parti prône la conversion de toutes les places en garderies non subventionnées en places subventionnées, à l’exception des garderies en milieu familial. Toute nouvelle place serait allouée aux CPE et les places déjà réservées pour les garderies privées ne seraient pas renouvelées après 5 ans.
PCQ
Les conservateurs voudraient augmenter le tarif pour une place en garderie privée subventionnée ou en CPE. Au terme d’un mandat du PCQ, le financement public des CPE, garderies et services de garde subventionnés serait aboli et remplacé par une allocation imposable de 200 $ par semaine par enfant. Ultimement, chaque CPE ou garderie pourrait fixer ses propres tarifs.
Le PCQ promet de bonifier le programme d’allocation familiale afin qu’il reflète le coût de la vie et l’inflation. Le parti ajouterait au RQAP la possibilité de recevoir l’entièreté de son salaire pendant 26 semaines. Il promet un crédit d’impôt additionnel pour les familles avec plus de 2 enfants et offrirait jusqu’à 5 000 $ aux familles de 4 enfants ou plus pour l’achat d’une fourgonnette.
Le parti retirerait aussi la TVQ sur les dépenses reliées à l’activité physique, comme l’inscription au gym ou l’achat d’équipement.
Aînés
Les personnes âgées sont également affectées par la hausse du coût de la vie. Tous les partis proposent une variété de mesures pour pallier leurs besoins financiers. Les voici.
CAQ
Les caquistes souhaitent bonifier le Crédit d’impôt pour soutien aux aînés. L’aide maximale passerait ainsi de 411 $ à 2 000 $ par an. Les aînés âgés de 70 ans et plus qui gagnent moins de 24 195 $ par an pourraient toucher ce montant maximum, tandis que ceux dont le revenu dépasse 64 195 $ par an n’auraient droit à aucune aide.
PLQ
Le PLQ mettrait en place une allocation aînés destinés aux personnes de 70 ans et plus qui souhaitent rester à domicile. Cette somme pourrait atteindre jusqu’à 2 000 $ en fonction du revenu. La formation promet également d’encourager le retour au travail en offrant un congé de cotisations au Régime des rentes du Québec (RRQ) pour les 62 ans et plus. Le PLQ doublerait également l’exemption d’impôts pour les 65 ans et plus, faisant passer le montant à 30 000 $.
QS
Pour le moment, Québec solidaire n’a pas encore proposé de mesures financières spécifiquement destinées aux aînés.
PQ
Les péquistes souhaitent bonifier le RRQ pour pouvoir graduellement atteindre 40 % du revenu cotisé. Le maximum des gains admissibles serait également haussé à 75 000 $ par an. Le PQ créerait également une allocation «pouvoir d’achat» de 1 000 $ destinés aux 65 ans et plus ayant un revenu annuel inférieur à 35 000 $.
L’arrêt des cotisations au RRQ serait dorénavant permis pour les 65 ans et plus, et ceux-ci bénéficieraient d’un rabais d’imposition de 15 % sur les derniers 35 000 $ déclarés.
PCQ
Le PCQ mettrait en place une assurance universelle de soins de longue durée pour les 65 ans et plus, avec possibilité d’y souscrire dès l’âge de 40 ans. Celle-ci pourra être utilisée pour des soins à domicile.
Les conservateurs promettent également de rendre remboursable le crédit d’impôt au prolongement de carrière des travailleurs d’expérience. Pour les 60 à 64 ans, ce crédit passerait de 1 500 $ à 3 000 $, et pour les 65 ans et plus, de 1 650 $ à 5 000 $.
Logement
La crise du logement est un enjeu électoral majeur, alors que de plus en plus de Québécois peinent à acheter une maison ou à payer un loyer sans se ruiner. Le gouvernement fédéral a d’ailleurs annoncé dans son dernier budget plusieurs mesures à cet effet, dont la création du compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (CELIAPP). Voici les promesses électorales pour favoriser l’accès à la propriété et alléger le fardeau du loyer.
CAQ
Depuis le début de la campagne, le gouvernement caquiste sortant n’a pas annoncé de nouvelles mesures sur l’accès à la propriété, mais il avait déjà promis le printemps dernier de doubler le crédit d’impôt pour l’achat d’une première maison. Il compte aussi construire 11 700 logements sociaux et abordables et promet de subventionner 7 200 logements additionnels via le Programme de supplément au loyer.
PLQ
Le PLQ éliminerait la taxe de bienvenue et les droits de mutation pour les premiers acheteurs. De plus, le montant admissible au régime d’accès à la propriété (RAP) serait haussé à 50 000 $ et les parents pourraient y contribuer.
Un RAP pourrait être utilisé pour financer l’achat d’une deuxième propriété ou pour des rénovations majeures.
Le PLQ voudrait également mettre en place une politique pour limiter la surenchère des propriétés rénovées. Il voudrait également imposer une taxe de 0,5 % à 1 % sur les logements vacants.
Le parti voudrait construire 50 000 logements abordables d’ici 10 ans. Les municipalités de moins de 100 000 habitants pourraient être en mesure d’offrir des incitatifs financiers pour construire du logement abordable.
Les libéraux sont également en faveur d’un registre national des loyers et exigeraient une plus grande transparence sur le bail précédent. Le parti taxerait les logements inoccupés appartenant à des non-résidents. Il ajouterait également au Programme Accès-Logis un volet régional réservé au logement étudiant, au logement pour les personnes itinérantes et aux résidences privées pour aînés.
QS
Un gouvernement solidaire mettrait en place un «pacte pour aider les premiers acheteurs». Ce programme comprendrait une limite sur la commission prise par les courtiers immobiliers, l’obligation de procéder à une inspection avant achat, un délai minimum pour le dépôt d’une offre d’achat ainsi que l’obligation de garantie légale (sauf en cas de succession).
QS voudrait aussi que les offres d’achat soient transparentes pour qu’il n’y ait pas de surenchère. Il propose aussi un Fonds anti-spéculation de 1 milliard de dollars pour rénover 10 000 maisons et condos et les revendre à prix abordable. Le parti lancerait également la construction de 50 000 logements sociaux écoénergétiques.
La formation veut instaurer un registre des loyers où les hausses seraient connues d’avance et fixées à un juste pourcentage. Pour dépasser la limite légale, un propriétaire devrait justifier sa demande. On promet aussi un plus grand contrôle de la transformation des logements à des fins touristiques et de la possession de propriétés par des investisseurs.
PQ
Le PQ compte hausser la contribution du gouvernement pour la construction de logements sociaux. Il veut également apporter une aide financière aux municipalités pour qu’elles puissent acheter des terrains pour construire ces logements.
Le PQ veut aussi mettre en place un registre des loyers. Il offrirait jusqu’à 25 000 $ d’incitatif pour la transformation d’une propriété en habitation intergénérationnelle.
PCQ
Le PCQ abolirait les droits de mutation lors de l’achat d’une nouvelle propriété pour les familles ayant au moins deux enfants mineurs. Ce programme ne pourrait être utilisé qu’une fois.
Les conservateurs s’opposent à un registre des loyers et promettent plutôt des critères de fixation de loyer gérés par une autorité à vocation économique. Les logements complètement rénovés ne seraient pas soumis au contrôle des loyers pendant cinq ans, et les loyers élevés ne seraient pas visés par ce contrôle. Le dépôt de garantie, ou caution, serait désormais autorisé.
Quel parti fera le plus de bien à votre portefeuille?
Cela dépend évidemment de votre situation et de vos besoins.
Par exemple, si vous avez un faible revenu, des mesures comme la hausse du salaire minimum, proposée par Québec solidaire et le Parti Québécois, pourraient vous intéresser plus.
Si vous êtes un aîné, les propositions de la Coalition avenir Québec, du Parti libéral et du Parti conservateur, qui touchent les crédits de soutien aux aînés, vous parleront sans doute.
Le principe est le même que vous soyez une jeune famille ou encore un étudiant qui peine à payer son loyer: certaines promesses électorales vous concernent plus.
Le but de ce guide n’est évidemment pas de vous dire pour qui voter, mais plutôt de vous permettre de faire le meilleur choix pour vous, en toute connaissance de cause.