L’humoriste Guy Nantel est sur la sellette depuis la diffusion d’une capsule de podcast dans laquelle il aborde les sujets du féminisme et de la culture du viol avec l’humoriste Anne-Marie Dupras, ainsi que l’autrice et journaliste Lili Boisvert. Plusieurs internautes reprochent notamment à Nantel de manquer d’écoute et d’être de mauvaise foi.
Dans l’épisode tourné dans le cadre de sa série «Faut en parler», Guy Nantel remet en question l’utilité du féminisme en 2021, ainsi que l’existence de la culture du viol et de la masculinité toxique.
«Moi, quand je parle avec des gars de ma gang, des gars de mon âge, et avec des plus jeunes aussi qui ont hérité de cette culture-là, ils disent: je suis désolé, mais ce n’est pas ça qu’on est», argumente d’emblée Guy Nantel.
Un débat à sens unique
Parmi les 700 commentaires laissés sous la vidéo mise en ligne sur la page Facebook de Guy Nantel, certains dénoncent un débat à sens unique.
«M. Nantel ne semble pas ouvert à la discussion. On dirait qu’il veut uniquement faire un débat de sémantique avec un dictionnaire et d’échantillon anecdotique contre des statistiques», écrit une internaute.
D’autres relèvent un déséquilibre dans le débat. «Monsieur Nantel arrive avec une grande préparation et tous ses points sont sur la feuille devant lui. Les invités doivent répondre à froid».
Sur sa page Instagram, l’autrice et professeure Martine Delvaux a partagé un extrait de la discussion durant lequel l’humoriste lit les définitions des termes «culture» et «viol», alors qu’il est question du concept de culture du viol. Mme Delvaux réagit en l’accusant d’être de «mauvaise foi».
Si la majorité des commentaires déplore l’attitude de M. Nantel, certains se rangent de son côté, soulignant la «neutralité» et la «solidité» de ce dernier comparativement à ses interlocutrices.
Dans les derniers jours, Guy Nantel, qui se place en grand défenseur de la liberté d’expression, a choisi de limiter qui peut commenter sa publication. Ce n’est pas le cas pour les autres épisodes de sa série diffusés sur Facebook.
Sans surprise
Alice Paquet, qui avait accusé l’ancien député libéral Gerry Sklavounos d’agression sexuelle en 2016, n’est pas surprise par les propos choquants tenus par Guy Nantel.
«En 2016, quand j’ai dénoncé, on était encore en train de se demander c’est quoi la culture du viol. Cinq ans plus tard, on est tous au courant de ce qui se passe et on ne remet plus ça en question… Mais il y a quand même lui qui arrive avec ses arguments à deux cennes qui ne veulent absolument rien dire. Les femmes se font agressées, les femmes se font tuer parce qu’elles sont des femmes», fait-elle valoir.
Dans son spectacle d’humour «Nos droits et libertés», Guy Nantel fait plusieurs blagues au sujet d’Alice Paquet et du mouvement #MeToo.
C’est en voyant plusieurs partages de la vidéo de Guy Nantel sur le féminisme qu’Alice Paquet a décidé de s’ouvrir sur ce qu’elle vit depuis la première du spectacle en question, il y a quatre ans.
Depuis, la jeune femme est littéralement hantée par le son «des salles pleines rire d’[elle]» et des innombrables messages haineux qu’elle reçoit, écrit-elle dans une publication Instagram.
«Ça m’empêche vraiment de fonctionner. […] Quand j’ai vu que son spectacle allait être diffusé à TVA, j’ai littéralement flanché. J’ai recommencé à faire des cauchemars», confie-t-elle en entrevue avec Métro.
Non seulement, il fait des vidéos comme ça, mais regardez ce qu’il m’a fait, regardez les conséquences traumatiques et psychologiques que ça m’a amenées.
Alice Paquet
«Il s’est tiré dans le pied»
Cependant, Alice Paquet trouve cela «un peu réparateur» de voir les vives réactions à la vidéo publiée le 11 novembre par Guy Nantel.
Selon elle, l’humoriste «s’est tiré dans le pied en partageant une vidéo où il coupe la parole aux femmes qu’il a invitées pour un « débat » – et là je mets des guillemets au mot débat – durant lequel il sort des réponses préfabriquées et il n’a pas du tout d’écoute».
Si, par le passé, Mme Paquet a toujours seulement demandé à Guy Nantel d’enlever le segment sur elle dans son spectacle, la jeune femme pense dorénavant qu’elle mériterait des excuses.
Anne-Marie Dupras et Lili Boisvert affirment recevoir beaucoup de messages en lien avec leur apparition dans la série, à la fois des messages de soutien et des insultes.
Directrice adjointe de l’information chez Métro, Mme Boisvert a décliné l’entrevue considérant sa position dans le média.