Plusieurs études montrent un léger allongement du cycle menstruel ou un flux sanguin plus abondant chez certaines femmes en âge de procréer, après qu’elles ont reçu une dose de vaccin contre la COVID-19.
Ces flux abondants seraient temporaires puisque tout reviendrait à la normale au cours du cycle ou des deux cycles subséquents.
Dans un article publié dans la revue Science, la chercheuse à l’Imperial College London du Royaume-Uni Victoria Male rectifie les rumeurs et fait le point sur les possibles effets de la vaccination anti-COVID sur le cycle menstruel.
«Étant donné que les cycles menstruels sont sujets à des variations naturelles, déterminer si les perturbations rapportées étaient attribuables à la vaccination contre la COVID-19 ou à une variation de fond représentait un défi particulier, explique la chercheuse. Cela souligne qu’il est nécessaire d’adopter une méthode d’analyse comportant la comparaison avec un groupe témoin de femmes non vaccinées pour identifier avec plus de certitude des changements qui seraient liés à la vaccination.»
Dans différentes études, le type de vaccin reçu n’influait pas sur le risque de subir ces changements, ce qui, selon la chercheuse, laisse croire que ces perturbations résultent vraisemblablement de la réponse immunitaire induite par le vaccin. À l’appui de cette hypothèse: des changements menstruels comparables ont aussi été observés à la suite de la vaccination contre la typhoïde, l’hépatite B et le virus du papillome humain.
En avril 2022, le système récoltant les témoignages d’effets indésirables vraisemblablement liés au vaccin contre la COVID-19 aux États-Unis avait reçu 11 000 rapports faisant état de changements menstruels et de saignements vaginaux inattendus après la vaccination. L’équivalent britannique en avait recueilli 50 000.
Mécanismes immunitaires
Deux mécanismes immunitaires sont proposés pour expliquer ces perturbations du cycle menstruel.
Selon l’un d’eux, les premières réponses du système immunitaire à la vaccination – qui se manifestent par la production de cytokines – pourraient «interférer dans le dialogue hormonal entre l’hypothalamus, l’hypophyse et les ovaires qui règle le cycle menstruel», ce qui contribuerait à l’allongement du cycle.
Selon le second mécanisme, les cytokines produites affecteraient les macrophages et les cellules tueuses naturelles qui contrôlent la régénération de l’endomètre – la muqueuse interne de l’utérus –, qui s’épaissit alors et se remplit de vaisseaux sanguins en vue d’une grossesse éventuelle. Et si cette dernière n’a pas lieu, cette muqueuse gorgée de sang est évacuée lors des menstruations. Ce deuxième mécanisme pourrait donc expliquer l’augmentation du flux sanguin.
Le fait que les femmes qui prennent des hormones ovariennes – oestrogène ou progestérone – à des fins contraceptives ne subissent pas de changements menstruels à la suite de leur vaccination donne un certain crédit à l’hypothèse selon laquelle ces perturbations sont d’origine hormonale, fait valoir Mme Male.
Ne reste qu’à mener des études visant à mesurer les niveaux d’hormones avant et après la vaccination, ainsi que les cellules immunitaires présentes dans des biopsies d’endomètre ou dans le liquide menstruel, pour confirmer ces deux hypothèses.