Bien des enfants ont passé beaucoup de temps devant les écrans ces dernières semaines. Et c’est normal! Toutefois, maintenant que le déconfinement est commencé, il peut être bon d’aider les enfants à revenir à un usage des écrans plus modéré.
Malgré tout, les parents ne devraient pas culpabiliser si leur enfant dépasse les limites recommandées sur le temps-écran, affirme Catalina Briceño, professeure invitée à l’École des médias de l’UQAM et coautrice du livre Parents dans un monde d’écrans. «Nous vivons une situation inhabituelle. Pour bien des familles, ce n’est pas réaliste de respecter les directives sur le temps d’exposition des enfants aux écrans», dit-elle.
Rappelons que la Société canadienne de pédiatrie conseille d’éviter tout écran avant l’âge de deux ans et de limiter à une heure par jour le temps d’écran des deux à cinq ans. Elle n’a pas établi de temps maximal pour les six ans et plus, mais elle souligne que les écrans ne doivent pas nuire à leurs autres activités (sommeil, activité physique, jeux, etc.).
Miser sur la qualité
Les parents devraient profiter du contexte actuel pour s’interroger sur ce que fait leur enfant sur les écrans, selon Catalina Briceño. Car écouter en boucle des vidéos sur YouTube est moins stimulant pour son développement que de regarder Passe-Partout ou faire un appel vidéo avec grand-papa.
«Plutôt que de se concentrer sur le temps d’écran, mieux vaut aider votre enfant à choisir des contenus de qualité, diversifiés et adaptés à son âge», estime-t-elle. L’idée est de l’encourager à utiliser les écrans de manière active, notamment pour apprendre, créer et à bouger.
Une bonne chose consiste à se servir de ce que votre enfant a vu à l’écran pour lui faire vivre des activités dans la vraie vie. «Par exemple, s’il a regardé une émission où des gens faisaient du camping, vous pouvez sortir une couverture et une lampe de poche pour qu’il joue à faire semblant de camper», suggère Mme Briceño. Les écrans deviennent alors un moyen de stimuler son imagination et sa créativité.
Aider les enfants à se divertir sans écrans
Idéalement, vous devriez aussi aider votre enfant à se divertir sans les écrans. Par exemple, vous pouvez préparer une boîte d’activités contenant de la pâte à modeler, des crayons et du papier, un livre, un casse-tête, des figurines, des déguisements, etc.
«Pour garder un équilibre, les parents doivent s’assurer que leur enfant fait des activités sans les écrans, qu’il mange et qu’il dort bien.» Cathy Tétreault, fondatrice du Centre Cyber-aide et autrice du livre Jeunes connectés, parents informés
Cathy Tétreault propose pour sa part de planifier les journées en tenant compte de l’âge et des besoins de chaque enfant. Vous pouvez y inclure du temps d’écran, mais «vous devez aussi prioriser d’autres activités comme du bricolage, des tâches, des jeux extérieurs, des moments de relaxation, du temps pour la lecture ou des activités en famille», dit-elle.
Apprendre les bons gestes
Dès l’âge de quatre ou cinq ans, il est possible d’apprendre à l’enfant à s’autoréguler avec les écrans, c’est-à-dire à gérer lui-même son comportement.
«Il s’agit de lui apprendre à se poser des questions avant d’allumer la télévision ou la tablette, explique Catalina Briceño. Est-ce que j’ai fait mon lit? Rangé mes jouets? Joué dehors aujourd’hui?» L’enfant devrait aussi prendre l’habitude d’avoir un but avant de s’installer devant un écran (ex.: regarder une émission en particulier) et de se fixer une durée (ex.: deux épisodes).
Une autre bonne pratique est de lui montrer comment sortir de l’application et éteindre son appareil lorsqu’il a terminé. «Par ce geste, l’enfant exerce un contrôle sur son utilisation des écrans, souligne l’experte. De plus, ça le responsabilise. On lui apprend à ranger ses jouets après une période de jeu. C’est la même chose avec les écrans.»
Le principe est d’éviter que l’enfant utilise les écrans sans y réfléchir, par automatisme.
Faire un bilan
Maintenant que les familles se préparent graduellement à un retour à la normale de leurs activités, cela peut être une bonne occasion de prendre le temps de réfléchir à l’usage des écrans. Vous pourriez ouvrir un dialogue avec votre enfant et l’autre parent pour repenser à l’usage individuel et familial des appareils numériques, propose Catalina Briceño. Voici quelques questions auxquelles vous pouvez réfléchir ensemble.
- Quels écrans ont été les plus souvent utilisés dans la maison pendant le confinement?
- Qu’est-ce que les écrans ont apporté de positif?
- Quels ont été les éléments négatifs? (les parents et les enfants doivent pouvoir s’exprimer sur un pied d’égalité à ce sujet.)
- Les écrans me permettent-ils d’apprendre quelque chose de nouveau chaque jour?
- De quoi peut-on se passer?
- Quelles applications utilise-t-on rarement? (C’est le moment de faire le ménage!)
- Qu’est-ce qu’on pourrait changer ou garder dans nos habitudes? (ex.: conserver les rencontres virtuelles avec les grands-parents, choisir une journée par semaine de déconnexion, cesser de partager des nouvelles sans vérifier leur source, etc.)