Ce n’est quand même pas rien, et permettez-nous d’y revenir. Parce qu’au-delà des embûches actuelles, la voiture électrique est sur une belle lancée. Et cette fois, l’aventure ne devrait pas se conclure par un documentaire dans lequel on se demande ce qui a bien pu tuer une si prometteuse innovation.
Qu’une des toutes premières voitures 100 % électriques à être commercialisées soit si rapidement honorée (devant les finalistes Audi A8 et BMW Série 5) est une franche victoire. Une franche victoire, ajoute Nissan, sur tous ces constructeurs qui se moquaient de ses intentions électriques et qui travaillent maintenant, eux aussi, à mettre au point des véhicules électriques. Mais ça, c’est une autre histoire.
Pour l’industrie en général, l’hommage rendu à la Leaf signifie que l’acceptation commence à s’installer. Tout n’est pas en place, à commencer par les infrastructures de recharge, mais vous connaissez la théorie de l’Å“uf ou la poule : il faut bien commencer quelque part.
Il y aura toujours des sceptiques pour dire que l’autonomie des batteries n’est pas suffisante et que la recharge dure des lustres. Ceux-là oublient que la voiture électrique n’est pas destinée à remplacer la voiture traditionnelle, mais qu’elle se destine plutôt à un usage urbain ou très ciblée. «La Nissan Leaf n’a pas besoin de convenir à tout le monde», rappelle Didier Marsaud, porte-parole de Nissan Canada.
Elle ne convient pas à tout le monde, en effet : selon un sondage mené l’été dernier par l’américaine Consumer Electronics Association, trois personnes sur quatre disent craindre, à bord d’une 100 % électrique, la panne de courant. Le même sondage révèle que deux personnes sur trois considèrent l’autonomie des actuels véhicules électriques comme insuffisante par rapport à leurs besoins.
Le hic, c’est qu’aucune autre percée technologique n’est encore venue lever ces deux obstacles. Il y a donc pas mal de chemin à parcourir avant que 25 % des véhicules neufs vendus au Québec en 2020 soient hybrides ou électriques – tel que souhaité par notre très optimiste gouvernement provincial.
Les premières Leaf débarqueront au pays cet automne. Ceux et celles qui souhaitent s’en procurer une devront débourser la coquette som-me de 38 000 $, moins 8 500 $ de subventions gouvernementales. Vous trouvez que c’est cher payé pour une petite voiture qui, n’eut été de motorisation électrique, aurait été comparée à un véhicule compact de plus ou moins 20 000 $? Peut-être.
Et vrai qu’il faudra en faire des kilomètres sans essence et sans émission, pour compenser la différence de prix. Mais encore une fois, il faut bien commencer quelque part. Et pour la Leaf, ça commence vraiment bien.
Déjà 500 Leaf
Quelque 500 Nissan Leaf ont été livrées aux États-Unis depuis décembre à des «clients appropriés». Le constructeur l’avoue sans gêne, il cherche d’abord et avant tout des acheteurs qui vivront une première expérience positive. Ces conducteurs ont cumulé 400 000 milles jusqu’à présent. Dans les faits, le trajet moyen enregistré par ces premières Leaf est à peine de 11 km. Pourtant, dans des conditions gagnantes, la Leaf peut parcourir 10 fois cette distance avant la rechar-ge. Est-ce dire qu’on s’inquiète un peu trop de cette fameuse autonomie limitée?