La Surface Pro X de Microsoft est à certains égards plus près d’un téléphone que d’un ordinateur. Mise à l’essai d’un PC unique en son genre, qui séduit malgré ses compromis importants.
Ceux qui recherchent un appareil léger et qui se transporte facilement d’un café à l’autre seront attirés par la Surface Pro X. On aime son design mince à souhait, son bel écran lumineux de 13 pouces, sa carte SIM pour être toujours connecté à l’Internet, son clavier amovible efficace et, pour ceux que ça intéresse, son stylet intégré.
Comme avec la Surface Pro, la Surface Pro X est dotée d’un pied intégré, qui peut s’ouvrir à n’importe quel angle ou presque, ce qui permet un travail dans des positions variées. Le pied ne requiert pas le clavier amovible pour fonctionner, ce qui permet de s’en servir en mode tablette pour regarder un film, par exemple (ces deux caractéristiques sont d’ailleurs des différences importantes par rapport à l’iPad Pro).
Je préfère personnellement le format traditionnel des ordinateurs portatifs, qui est plus stable pour écrire sur ses genoux comme je dois souvent le faire. Mais pour ceux qui aiment les 2-en-1, l’ordinateur offre probablement le design le mieux réussi de tous les PC Windows sur le marché.
Un ordinateur inspiré du mobile
Pour concevoir un tel appareil, Microsoft a dû utiliser des composantes inspirées de celles que l’on retrouve normalement dans les téléphones intelligents, ce qui ne s’est pas fait sans heurts. C’est surtout le cas par rapport au processeur Microsoft SQ1, une variante d’un processeur ARM Snapdragon de Qualcomm.
Microsoft avait tenté il y a quelques années de lancer une version de Windows conçue pour les processeurs mobiles ARM, avec les tablettes Surface RT. La manœuvre avait été un échec sur toute la ligne. Ici, c’est un peu mieux, puisque la version de Windows 10 livrée avec la Surface Pro X est la même que l’on retrouve sur les ordinateurs dotés de processeurs réguliers.
Il y a quand même quelques problèmes, puisque l’ordinateur n’est pas compatible avec toutes les applications Windows sur le marché.
Celui-ci peut principalement faire fonctionner les logiciels optimisés pour un processeur ARM, qui sont encore rares avec Windows. Pour ceux qui ne le sont pas, les logiciels 32 bits peuvent être lancés à l’aide d’un émulateur intégré (ce qui se fait sans que l’utilisateur s’en aperçoive), mais les 64 bits sont incompatibles. Et malheureusement, la majorité des applications récentes sont désormais offertes en 64 bits seulement.
Concrètement, cela veut dire par exemple que vous ne pourrez pas utiliser Chrome (64 bits seulement), mais que vous pourrez profiter du nouveau navigateur Edge Chromium (optimisé pour ARM). Pour pouvoir travailler avec Photoshop, j’ai été forcé de retrouver une vieille version du logiciel dans les méandres d’Internet (je possède toujours une clé d’activation Photoshop CS6, mais Adobe ne l’offre plus en téléchargement sur son site). La plateforme Steam marche bien, mais pas tous les jeux qui y sont offerts. La suite Microsoft Office peut être utilisée, puisqu’elle est optimisée pour ARM, mais pas Antidote 10, une application 64 bits. Ici aussi, il serait toutefois possible d’utiliser une vieille version pour contourner le problème.
Le plus frustrant avec ces incompatibilités est qu’il est pratiquement impossible de savoir à l’avance ce qui va fonctionner ou non. Même dans la boutique Windows Store, on ne peut savoir si un logiciel est en 32 bits, en 64 bits ou s’il a été optimisé pour ARM. Et quand un logiciel peut être lancé, on doit analyser nous-mêmes son impact sur l’autonomie de l’ordinateur. Celle-ci, normalement correcte à environ 8 heures d’usage, peut en effet diminuer rapidement lorsqu’une application requérant l’émulateur est lancée. Ce n’est pas grave lorsque l’ordinateur est branché, mais c’est à prendre en considération lorsqu’il fonctionne grâce à la batterie.
La situation pourrait s’améliorer avec le temps, mais cela n’est pas garanti. Voilà plusieurs années que Microsoft tente d’adapter son système d’exploitation aux processeurs mobiles, mais les développeurs de logiciels, eux, préfèrent attendre qu’il y ait suffisamment d’appareils compatibles sur le marché avant d’adapter leurs produits. C’est le problème de la poule ou de l’œuf.
Microsoft n’a pas de contrôle sur les développeurs tiers, mais l’entreprise pourrait au moins entre temps faciliter la vie de ses utilisateurs en identifiant correctement les logiciels sur le Windows Store. De simples étiquettes «optimisé pour ARM» ou «compatible avec ARM», qui n’apparaîtraient que lorsque le Windows Store est lancé à partir d’un ordinateur ARM, feraient par exemple toute la différence.
Performances et autonomie de la Surface Pro X
La Surface Pro X fonctionne étonnamment bien. Le processeur Microsoft SQ1 est en effet amplement suffisant pour faire rouler Windows 10 convenablement. Les logiciels optimisés sont fluides à souhait, et je n’ai eu aucun problème avec les applications 32 bits via l’émulateur.
La Surface Pro X n’est pas un ordinateur pour les tâches lourdes, mais ses composantes internes ne vous limiteront pas dans votre usage de tous les jours.
J’ai toutefois été un peu déçu par sa batterie. Microsoft annonce une autonomie de 13 heures en mode vidéo local (une mesure complètement inutile). Dans un usage de tous les jours avec uniquement des applications optimisées ARM, j’ai plutôt atteint 8 heures environ. Ce n’est pas mal, mais je me serais attendu à mieux considérant les composantes de l’appareil. Avec son processeur, la Surface Pro X aurait dû battre des records d’autonomie. J’aime la minceur de l’appareil, à 7,3 mm, mais j’aurais probablement pris un millimètre de plus pour une autonomie prolongée.
Heureusement, la recharge est rapide, du moins avec le chargeur propriétaire de Microsoft. L’appareil peut aussi être rechargé par l’un de ses deux ports USB-C, mais la recharge est alors beaucoup plus lente.
Clavier, souris et pavé tactile
La Surface Pro X est vendue 1349$ sans accessoires (1199$ en ce moment). Le clavier est pour sa part vendu 369$ (295$ en ce moment).
Le clavier est quand même correct. Les touches ne sont pas aussi agréables qu’avec un ordinateur traditionnel comme le Surface Laptop 3, mais elles sont définitivement plus efficaces que celles du clavier de l’iPad Pro, par exemple.
Le pavé tactile serait quant à lui petit et d’une mauvaise qualité sur un ordinateur portatif, mais il est correct pour un clavier amovible. Il me convient pour une heure ou deux, mais j’achèterais probablement une petite souris pour un usage prolongé.
Le clavier est d’une bonne qualité, avec d’ailleurs un tissu plutôt agréable à l’arrière. Celui-ci se replie près de l’écran afin de cacher un stylet plat. Le mécanisme fonctionne bien, mais il cache le bas de l’écran dans certains angles (ce qui ne m’a dérangé que lorsque j’essayais de travailler dans un lit, alors qu’il n’y avait pas de bureau dans ma chambre d’hôtel).
Le stylet lui-même fonctionne bien, mais je n’utilise jamais de stylet dans ma vie de tous les jours. J’aurais d’ailleurs préféré que Microsoft offre une version du clavier de la Surface Pro X sans stylet, ce qui aurait pu améliorer le design et diminuer le prix pour ceux qui ne dessinent ou n’écrivent pas à la main.
Surface Pro X: Est-ce pour vous?
Aucun ordinateur sur le marché ne convient à tous les utilisateurs. Certains ont besoin d’un gros écran, d’autres d’un petit. Certains acceptent de payer 3000$, d’autres ne peuvent se permettre plus de 700$. Certains ne jurent que par macOS, alors que d’autres préfèrent Windows 10. Certains ont besoin de puissance, alors que pour d’autres, l’autonomie et la minceur sont à privilégier.
C’est encore plus vrai avec la Surface Pro X. L’ordinateur a beaucoup pour plaire, mais force est de reconnaître que ses compromis sont importants, tout particulièrement sa compatibilité limitée avec les applications Windows.
C’est un pensez-y-bien pour ceux qui font un usage varié de leur ordinateur et qui ont besoin de beaucoup de logiciels. C’est mon cas à la maison. Ma tour bâtie pièce par pièce doit être capable de faire fonctionner n’importe quelle application imaginable. Sur un ordinateur portatif, mes besoins sont plus limités. Word, un navigateur web et un logiciel pour traiter les photos me suffisent. J’ai d’ailleurs emporté la Surface Pro X à Las Vegas au début du mois pour ma couverture du Consumer Electronics Show, et je n’ai pas regretté mon choix une seule fois.
Ceux qui se reconnaissent dans cet usage devraient apprécier la Surface Pro X tout autant que moi. Pour les autres, il serait sage d’attendre encore un peu avant d’acheter un PC mobile du genre.