CHRONIQUE – Le 21 juin, c’est la Journée nationale des peuples autochtones. Une journée de célébrations des différentes cultures et traditions des premiers peuples du Canada. Vous aurez la chance de voir et d’entendre plusieurs autochtones prendre place dans les différentes tribunes médiatiques pour partager leurs savoirs et leur culture.
J’ai voulu faire de même, de concert avec Métro. Nous avions convenu que ma prochaine chronique allait être 100% en abénaki! Toute une tâche que j’ai acceptée avec grand plaisir… avant de me rendre compte que ça n’allait pas être aussi simple que je le croyais.
Moi qui connais près de 400 mots en abénaki (sans aucun verbe), je ne pouvais vous écrire une chronique constituée que de mots d’animaux et d’aliments… Alors j’ai contacté mes frères et mes sœurs abénakis.es pour leur demander de l’aide, et c’est là que j’ai frappé un mur.
Voyez-vous, même en gang nous étions incapables d’écrire une chronique tant notre langue est fragile et encore méconnue, même par nous. Je l’ai souvent écrit, mais au début des années 2000, moins de trois personnes savaient dialoguer en abénaki et ces aîné.es ne pouvaient soutenir une langue à eux et elles seul.e.s. Nous étions alors une poignée d’Abénakis à commencer à l’apprendre et laissez-moi vous dire que ce n’est pas facile. Duolingo n’offre pas notre langue et nous ne pouvons voyager pour nous immerger dans cette langue pour l’apprendre plus rapidement.
On aurait pu vous sortir une chronique avec des phrases de salutations telles que Kwaï mziwi, n’daliwizi Sapiel Wajo, nd’Aln8ba ta n’wigi Odanak. N’plachm8n8dwa ta nd’iglism8n8dwa ta nd’aln8ba8dwa! (Bonjour à tous et à toutes, je m’appelle Xavier Watso, je suis Abénaki et je viens d’Odanak. Je parle le français, l’anglais et l’abénaki!). Mais ce n’aurait pas été pareil…
L’avenir est prometteur par contre, car le Grand Conseil des Abénakis est en train de finaliser une application pour faciliter l’apprentissage de notre langue. Et contrairement à 2010, lorsque les cours d’abénaki se donnaient uniquement à Odanak, maintenant nous pouvons prendre des cours à Montréal, à Kiuna (le cégep autochtone du Québec) ainsi qu’à l’Université de Sherbrooke, qui est partenaire du Grand Conseil pour la revitalisation et la conservation de la langue abénakise.
Mais j’aspire à plus et je vous promets qu’un jour ma chronique sera au complet en abénaki. D’ici là, kchi wliwni, nanawalmezi! (Merci beaucoup et portez-vous bien!)