MONTRÉAL — Personne n’était heureux dans le vestiaire des Alouettes de Montréal, samedi, au moment de remplir ses sacs et de quitter le nid. Mais tous les joueurs rencontrés croient que l’équipe peut rapidement faire tourner le vent.
«Ç’a déjà été réussi dans le passé. On a vu des équipes passer de la dernière à la première place, a souligné le secondeur Kyries Hebert, l’un des rares à ne pas avoir quoi que ce soit à se reprocher au cours de cette année de misère.
«Regardez Ottawa: en trois ans, cette équipe d’expansion a gagné la coupe Grey et participé à deux finales. On a la bonne personne pour mener ce projet: je crois que Kavis (Reed, le directeur général) fera ce qu’il doit faire pour faire de nous une équipe gagnante.»
«Regardez les Roughriders, a ajouté le demi inséré Nik Lewis. Ils ont été la pire équipe de la ligue l’an dernier et participeront aux matchs éliminatoires cette saison.»
À l’instar de la direction, les joueurs des Alouettes croient dur comme fer que l’équipe n’a pas besoin d’une restructuration en profondeur.
«Honnêtement, je pense qu’il y a beaucoup de joueurs avec beaucoup de talent au sein de cette équipe et que c’est seulement dû à la malchance et aux blessures que nous avons connu de mauvais matchs, a avancé le garde Kristian Matte. Ce dont on a besoin, c’est d’avoir tout le monde le même objectif: s’améliorer et on va être corrects.»
C’est donc possible, mais pas nécessairement facile.
«C’est tout un défi, a noté le centre Luc Brodeur-Jourdain. Il faudra trouver un groupe d’entraîneurs qui pourra bien travailler ensemble et entraîner les joueurs derrière eux. Dans la constitution même de l’équipe, on sait qu’il faudra se rajeunir, et moi je fais partie des dinosaures!»
Mais n’allez pas croire que Brodeur-Jourdain en ait terminé avec la Ligue canadienne.
«Ce n’était pas mon dernier match. Je vais me préparer durant la saison morte pour disputer une autre campagne. S’il y en a une autre, il y en aura une autre. S’il n’y en a pas, il n’y en aura pas. C’est la nature du sport. (…) Tu veux par contre avoir ce mélange parfait de vétérans expérimentés, qui ont vécu des championnats, mais aussi de sang neuf capable de pousser ces vieux joueurs-là.»
Après 10 saisons et deux coupes Grey, on est en droit de se demander ce qui pourrait pousser «LBJ» à disputer une autre campagne.
«Personnellement, j’ai envie de finir sur une bonne note. J’ai envie de quitter en sachant que l’équipe est de retour dans le bon chemin.»
Un autre qui n’a peut-être pas disputé sa dernière rencontre est Lewis. Mais comme Brodeur-Jourdain, il sera en paix s’il n’est pas de retour.
«Ce n’est pas garanti à 100 pour cent que je prendrai ma retraite, mais je suis 100 pour cent à l’aise si jamais j’ai joué mon dernier match. Je discuterai avec le nouvel entraîneur-chef et verrai ce qu’il souhaitera. Je suis même prêt à revenir comme entraîneur: je n’ai jamais pensé que je serais un athlète professionnel, mais j’ai toujours voulu être entraîneur. Ce serait mon job de rêve!»
Par contre, impossible de savoir si John Bowman, qui a disputé vendredi son 200e match dans la LCF, sera de retour en 2018. Le vétéran, que certains journalistes ont croisé au Stade olympique, ne s’est pas présenté dans le vestiaire du club en ce jour de bilan.
Cassure à Winnipeg
Plusieurs des joueurs rencontrés ont évoqué que la saison pouvait être vue en deux parties: il y a eu la saison avant le match du 27 juillet à Winnipeg et celle après. Les Alouettes menaient par 13 points avec quelques minutes à faire dans ce duel, avant de finalement s’avouer vaincus 41-40, portant leur fiche à 2-4. Ils n’ont remporté qu’un seul autre match par la suite, face à des Argonauts forts démunis.
«On peut regarder ça comme ça, a admis Matte. Ça faisait plusieurs semaines qu’on avait une progression en offensive. On était passé de 350 à 400, 450 verges de gains. Après ça, on va se le dire, c’était pénible. Je pense que ça nous a affectés encore plus qu’on pensait, pendant plusieurs semaines.»
«Oui, c’est une cassure dans notre saison, a renchéri Brodeur-Jourdain. Est-ce qu’on aurait dû être capable de surmonter ça? Absolument, c’est un échec de notre part de ne pas avoir su le faire.»