MONTRÉAL — Personne ne s’attendait à ce que l’arrivée de Johnny Manziel transforme les Alouettes de Montréal en équipe prétendante au titre de façon instantanée. Mais personne ne s’attendait à l’horrible spectacle dont ont été témoins 18 576 spectateurs vendredi, qui a laissé l’équipe avec plus de questions que de réponses.
Mal — très mal — appuyé par sa ligne à l’attaque, Manziel a été intercepté en quatre occasions et n’a amassé que 104 verges de gains aériens sur 11 passes complétées en 20 tentatives. À son premier match professionnel en près de trois ans, Manziel n’a pas cherché à se défiler après la rencontre.
«J’étais très confiant en amorçant ce match. Je me sentais prêt, à l’aise, a dit l’ex-premier choix des Browns de Cleveland. J’étais peut-être un peu trop excité, par contre. J’ai effectué plusieurs lancers que je ne fais pas habituellement. Je n’ai pas fait du bon travail en donnant le ton dès notre première possession. Ça nous a fait prendre un pas de recul. Alors je prends une grande part de responsabilité pour cette défaite. Il n’y a pas d’excuses: je n’ai pas manqué de séances d’entraînement pour m’acclimater ou quoi que ce soit du genre. J’ai fait de mauvais lancers.»
Le centre-arrière Patrick Lavoie n’était pas tout à fait d’accord avec lui.
«Johnny Manziel n’a rien à se reprocher. On ne l’a pas protégé; on ne l’a pas aidé. Ça a donné ce que ça a donné. Il a été pourchassé tout au long du match. Pendant toute la rencontre, il a eu quelqu’un dans le visage. On a échappé des ballons… Il a quatre interceptions: il y en a deux qui nous appartiennent là-dessus.»
Quand on lui a fait remarquer que Manziel avait démontré quelques éclairs de génie, Lavoie a tenu des propos intéressants.
«J’ai de la misère avec ça: les bons flashes qu’il a eus, c’est parce qu’il était trop athlétique pour les gars en avant de lui. Je vais l’accepter trois, quatre, cinq, ou six fois par match. Mais s’il doit le faire à tous les jeux, c’est parce qu’on ne l’aide pas. C’est bon à rien. Si après sa première lecture, il faut qu’il danse, c’est de notre faute. Il n’y a aucune fierté là-dedans.»
Encore une fois, les Alouettes ont laissé l’adversaire prendre rapidement le contrôle du match. Cette fois-ci, ils se sont retrouvés avec un retard de 28 points après 15 minutes de jeu.
«Les seuls mots que je peux dire sont: décevant, redondant et ‘tanné’. Faut que je demeure poli, alors… C’est frustrant», a lancé le centre Kristian Matte
«Je ne pense pas qu’il y avait un manque de préparation, a-t-il poursuivi. Il y a de la malchance au football et au premier quart, c’était malchance par-dessus malchance, dans toutes les phases de jeu. Avant qu’on ne se réveille, c’était 21-0. Tu ne peux alors pas garder le même plan de match et de l’autre côté aussi, ils commencent à jouer un match différent: ils peuvent jouer plus souvent le blitz, etc. Ça commence à être fatigant.»
«Il semble que personne n’était prêt ce soir, a pour sa part argué l’entraîneur-chef, Mike Sherman. (Manziel) va sortir ce premier match de son système. Il va apprendre des erreurs qu’il a commises, mais nous n’avons pas bien joué devant lui. Nous ne l’avons pas protégé. Je ne regrette pas l’avoir lancé dans la mêlée. La seule chose que je regrette, c’est d’avoir gâché la soirée de tous ces gens qui sont venus au stade.»
À l’interne
À ce stade-ci de la saison, c’est au sein même de l’équipe que l’organisation devra trouver des solutions.
«Il est certain qu’on doit — encore — regarder le personnel que nous avons sous la main. Il n’y a pas de très bons joueurs assis à la maison qui attendent notre appel pour venir nous prêter main-forte, a fait remarquer Sherman.
«Nous devons trouver les solutions au sein de notre équipe. J’aime les joueurs que nous avons, ils travaillent fort, nous avons des entraînements bien structurés. Mais il y a des choses qu’on fait pendant la semaine qui soudainement se perdent les jours de match. On doit trouver pourquoi très rapidement.»
«On avait l’air d’un club de cégep sur le terrain, a affirmé Matte, pesant bien ses mots. J’inclus tout le monde là-dedans, moi le premier. À mes yeux, tout le monde a joué un match pourri. Il n’y en a pas un qui a bien joué. Il faudra travailler. On va voir qui sont les vrais hommes dans notre vestiaire. Ça ne s’en viendra pas plus facile; ça va être ‘tough’.»
Il n’aurait pu mieux dire: les deux prochaines rencontres de l’équipe, qui a une fiche de 1-6, auront lieu à l’étranger, face au Rouge et Noir d’Ottawa samedi prochain et aux Eskimos d’Edmonton dans deux semaines.