Quand Patrick Kane, des Blackhawks de Chicago, marque un but important, vous pouvez être sûr de le voir tracer un cœur dans les airs avec ses doigts avant de donner un coup de poing au travers. Briseur de cœur. Vous la pigez?
Plus tôt dans sa carrière, Alex Ovechkin se lançait si fort dans la baie vitrée après avoir compté qu’on pensait qu’il allait la fracasser. Quand Teemu Selanne a brisé le record du plus grand nombre de buts pour une recrue, en 1993, il a lancé ses gants dans les airs et s’est servi de son bâton comme d’une mitraillette pour tirer dessus.
Ce qui nous amène à la cible favorite de tout le monde ces temps-ci, le défenseur du Canadien de Montréal P. K. Subban, qui a célébré avec exubérance un but en prolongation contre les Sénateurs d’Ottawa avant d’empoigner le logo du Tricolore sur le devant de son chandail. Les Sénateurs n’ont apparemment pas apprécié. Le gardien Craig Anderson a dit que la célébration n’était «pas nécessaire». Il a raison. Il aurait pu arrêter la rondelle.
Comme c’est souvent le cas, Subban a été attaqué pour son exubérance, même s’il n’y avait pas une once de malice dans son geste. Et ces critiques nous forcent à soulever une question inconfortable. Est-ce que Subban est traité différemment parce qu’il est Noir?
Bien sûr qu’il l’est. Ceux qui pensent qu’il n’y a pas, au moins, une petite touche de racisme dans tout ça ont la tête fermement plantée dans le sable. Ce n’est pas seulement parce que Subban est flamboyant que tout ce qu’il fait est placé sous le microscope et analysé de toutes les façons possibles. Pour un article que j’ai écrit l’an dernier pour le Hockey News, j’ai demandé à Evander Kane, des Jets de Winnipeg, dont le père est Noir, si une partie de la dérision qu’il subissait était due au fait qu’il n’avait pas la peau blanche.
«Je pense qu’une bonne partie vient du fait que je suis Noir. Et je n’ai pas peur de le dire, m’avait répondu Kane. Les gens essaient d’être politiquement corrects, mais on peut voir à travers ça. Est-ce que je pense que c’est vrai? Certainement.»
Il est vrai que, pour une raison étrange, certaines personnes veulent que tous les athlètes soient des automates, qu’ils soient Noirs ou Blancs. Mais je me demande quelles seraient les réactions si Subban célébrait comme Patrick Kane après chaque gros but. Quoique cela n’a pas l’air de déranger le principal intéressé.
«Si je célèbre et que quelqu’un veut en parler, c’est super, a dit Subban vendredi dernier durant le passage du Canadien à Toronto. Ça entre par une oreille et ça sort par l’autre.»