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Une bourde inexcusable du ministre Barrette

Jacques Boissinot / La Presse Canadienne

Il y a une tendance en politique qui m’énerve royalement. Certains politiciens fripés nagent dans les vagues de la rhétorique et de la démagogie depuis trop longtemps. Volontairement, à des fins politiques, ils font abstraction des faits et des fondements entourant un drame, un enjeu ou un problème. Ce contrepoids pesant et spontané sert à détourner le débat ou l’étouffer complètement. C’est un fléau dans notre société. Hélas, c’est encore plus grave lorsqu’un ministre se baigne dans cette même pataugeoire démagogique.

Gaétan Barrette a eu le culot d’alléger les circonstances entourant le meurtre de M. Blanchette, lors de la soirée électorale du 4 septembre 2012, en apportant une justification: «Comme politicien, on ne veut pas voir ça arriver. J’aurais aimé ne pas voir ça arriver. Mais c’est la société, quand vous faites trop bouger les choses, des choses comme ça peuvent arriver.»

Avec ce discours, il estampe le fardeau de la responsabilité dans le dos du Parti québécois (PQ). Il concocte une raison politique pour justifier un tel attentat. Timidement, à mots couverts, il délègue la responsabilité à un parti qui veut fonder un pays. Pour lui, c’est ce que signifie «trop bouger les choses». Fidèle à ses habitudes, comme un «bully», il met en garde la population que si un parti politique veut trop bouger les choses, un attentat peut arriver. Si ces mots ne représentent pas un discours de peur, bien, Richard Martineau est musulman!

«Donner une raison politique à un attentat, un meurtre, c’est indigne d’un ministre.»

Le ministre Barrette affirme que le (PQ), avant même de commencer son mandat, faisait «trop bouger les choses», et qu’un attentat peut arriver lorsqu’un parti politique tente d’apporter des changements. Est-ce que Gaétan Barrette parle du début de la commission Charbonneau qui a vivement ébranlé le Parti libéral du Québec (PLQ)? Parle-t-il de la fin de mandat d’un parti corrompu et de la défaite de Jean Charest? Faisait-il mention des attachés politiques et anciens ministres libéraux sous enquête pour corruption et collusion?

Comme politicien, il faut être vieux jeu pour prétendre que bouger le statu quo peut représenter un risque d’attentat. Nous ne parlons pas ici d’un coup d’État ou d’un parti politique illégitime ni de conflits violents, nous parlons d’un vieux parti politique qui reprend le pouvoir en alternance avec le parti libéral depuis des lunes.

Soyons francs, cet attentat était politique, les souverainistes et Pauline Marois étaient la cible. Et ce, même si le jury a décidé que le tireur était non coupable de meurtre prémédité. Lors de son arrestation, Richard Bain s’est exclamé: «Les Anglais se réveillent!» Il avait aussi mentionné après son arrestation être «contre la bitch». Je ne suis pas juge, le jury a rendu son verdict, mais j’ai des doutes, à titre de vulgaire citoyen, sur la préméditation de cet attentat. À mon avis, le seul événement qui n’était pas prémédité dans cet attentat, c’est l’enrayement de son arme à feu.

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