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Porte-parole

Je me suis toujours méfié des porte-parole. De leur motivation et de leur réel intérêt. On peut être porte-parole de tout : du festival du bleuet en montgolfière au téléthon pour une maladie grave. En résumé, le porte-parole représente les opinions d’un groupe auprès d’un autre groupe. Sa job est de donner un visage humain à une cause: «Ce produit, cette compagnie ou cet événement est une partie de moi. C’est pourquoi je m’y associe pour vous la faire connaître.» C’est parfois une personne au grand cœur. D’autres fois, un fieffé opportuniste se faisant du capital de sympathie.

Malheureusement, certains porte-parole dépolitisent les événements. Ils vont parler des effets, mais pas des causes. Exemple, la guignolée des médias. La petite bourgeoisie télévisuelle nous parle des pauvres comme des «gens pas chanceux, du monde qui a juste faim et qui a besoin de charité. Pourquoi eux et pas moi? Je sais pas. Le destin? La main invisible de Dieu?» Non, la main invisible d’Adam Smith!

Être porte-parole est un engagement politique. Je rêve de voir nos célébrités se commettre davantage. Quel beau fantasme que de les imaginer faire de la désobéissance civile. Voir Éric Salvail se «taquer» une couille à un arbre de la forêt boréale en criant: «Vous ne passerez pas!» Voir Véronique Cloutier manifester avec les Femen. Ou voir Denis Lévesque… lire un livre. Pour l’instant, la palme revient à Yvon Deschamps, qui a déclaré : «Ce pipeline, pour moi, il n’en est pas question. J’irais jusqu’à le bloquer physiquement, avec mon corps.» C’est certain qu’à 81 ans, devant une pelle mécanique, y’en mange une ciboire! Mais qu’importe, le message est beau.

Y’a différentes sortes de porte-parole. Une vedette adorée qui joue dans une publicité devient le porte-parole du produit. Si ça se vend, y’a un humoriste qui est prêt à mettre sa face dessus, croyez-moi. Y’a aussi les porte-parole de la bêtise abyssale. Les Durocher, Bombardier et Ravary qui rotent une chronique entre deux toasts. Les Duhaime, Fillion et Maurais qui répandent leur diarrhée verbale à la radio. Comme des cabots miteux, ça se traîne les fesses sur du papier journal pour se vider les glandes anales. Mon Lhassa Apso faisait ça, mais avait l’intelligence de ne pas dire que c’est une opinion.

Considérant tout ça, je suis devenu porte-parole. Vous connaissez les Journées québécoises de la solidarité internationale (JQSI)? Du 3 au 12 novembre, avec diverses activités partout au Québec, on vous invite à vous questionner sur le rôle que jouent les médias dans notre compréhension des enjeux internationaux, notamment les relations nord-sud. Le thème de cette année: à humanité variable. Est-ce possible qu’encore aujourd’hui, il y ait des êtres humains qui aient moins de valeur que d’autres? Est-ce ça, quand on dit «qu’ici le coût de la vie est plus élevé»? Bénévolement, j’ai mis ma face là-dessus. En attendant que le lucratif contrat d’annonce d’essuie-tout se libère, évidemment.

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