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La droitisation du Québec se confirme

Le sondage CROP-La Presse du week-end dernier est révélateur. À l’instar du reste de l’Occident, le Québec a amorcé un virage à droite toute.

Le plus saisissant de ce coup de sonde, c’est que, d’un point de vue global, une large majorité des répondants ressent un fort sentiment d’exclusion et exprime un très fort sentiment de désabusement par rapport aux élites politiques, médiatiques et montréalaises.

Ainsi, 90% des Québécois ressentent d’une façon ou d’une autre un sentiment d’exclusion; 53% sont intolérants aux communautés ethniques, autrement dit les immigrants; et 44% pensent qu’il faut interdire l’immigration musulmane. Et même si ce sondage montre que Montréal se démarque positivement du reste du Québec – peut-être, parce qu’une grande majorité des immigrants s’y concentre – et que la grande majorité des Québécois demeurent pro-environnement, pro-avortement et pro-garderies, le voile de la droitisation drape de plus en plus notre province.

Pour avoir suivi assidûment les campagnes du Brexit, de l’élection présidentielle américaine et de la primaire de la droite française, il me paraît plus qu’évident qu’une lame de fond populiste traverse les peuples de l’Occident, celle qui dit non à la mondialisation, non à l’immigration, non aux musulmans.

En effet, contre toute attente, en se basant plus ou moins sur le même argumentaire de l’extrême droite, le monde a assisté bouche bée aux victoires de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, de Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche et de François Fillon comme candidat de la droite à l’élection présidentielle française de 2017.

Ce virage à droite ne semble pas épargner Angela Merkel, la pugnace dirigeante occidentale qui a aligné trois mandats à la tête du gouvernement allemand et qui s’apprête à en rajouter un quatrième en 2017. Celle qui a défendu bec et ongles l’accueil des réfugiés syriens, sous la pression de la montée de l’extrême droite dans les sondages, a recadré son tir. La chancelière allemande a ainsi reconnu ses torts sur le dossier des migrants pour muscler de plus en plus son discours.

Cette droitisation de l’Occident s’est accélérée depuis presque huit ans. Après la crise économique de 2008 qui a mis à genou l’Occident, le printemps arabe a ensuite déclenché un chambardement sans précédent au Moyen-Orient, notamment incarné par la montée spectaculaire de Daech et l’exode de Syriens à l’Ouest. Tous les ingrédients ont été ainsi réunis en Occident pour créer une atmosphère de panique constante. Inévitablement, les thèses de l’extrême droite s’y sont banalisées petit à petit. Pour gagner les suffrages, de plus en plus de politiciens de gauche, comme de droite, sont désormais prêts à favoriser des mesures d’exception qui nous éloignent doucement des valeurs du monde civilisé. Hélas!

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