Un chirurgien esthétique de Longueuil ne pourra plus pratiquer la médecine pour les quatre prochains mois. Le Dr Pierre Courchesne a prescrit des tests non reconnus et inappropriés afin de fournir des clients au laboratoire médical de son conjoint.
Les faits remontent au 9 décembre 2013, selon la décision du Conseil de discipline du Collège des médecins du Québec, dont TC Media a obtenu copie.
Un patient, dont nous ne pouvons dévoiler l’identité, s’est présenté à la Clinique de médecine et chirurgie esthétique du Dr Courchesne pour un renouvellement de prescription. Le médecin lui a posé des questions sur sa santé générale et le patient lui a révélé qu’il souffrait de problèmes digestifs.
Après avoir pris ses signes vitaux, le Dr Courchesne lui a prescrit divers tests sanguins ainsi qu’une radiographie pulmonaire. Certains tests devaient être effectués par le Centre international de santé et d’énergie physique (CISEP), un laboratoire qui commençait tout juste ses opérations.
Le CISEP appartient au conjoint du Dr Courchesne. Le médecin désormais radié s’est aussi présenté au patient comme étant le «directeur médical» du laboratoire.
«Non seulement les tests prescrits par le Dr Courchesne ne sont pas reconnus scientifiquement, mais il prescrit ces tests alors que ses propres intérêts à l’égard de CISEP peuvent l’amener à les prescrire sans justification. […] La preuve démontre donc que le Dr Courchesne est motivé d’abord et avant tout par ses propres intérêts plutôt que par ceux de son patient», lit-on dans la décision du Conseil de discipline, rendue le 4 mai.
Harcèlement et insulte
La facture pour ces tests s’élevait à 2772$ et était payable avant même de quitter la clinique médicale. Le patient a refusé.
La clinique l’a ensuite appelé toutes les 10 minutes jusqu’à ce qu’il réponde, en fin de journée. Une mise en demeure lui a également été envoyée le 6 janvier, pour la somme de 1325$.
Lors des audiences, le Dr Courchesne n’a pas pu expliquer cette somme.
Le médecin a également laissé un message sur la boîte vocale du patient, où il réclame son argent et insulte sa conjointe.
Notes faussées
Le Conseil de discipline reproche également au Dr Courchesne d’avoir faussé ses notes médicales à la suite de la consultation du 9 décembre 2013. Des notes ajoutées au dossier le lendemain indiquent qu’il a effectué un examen des testicules et un toucher rectal. Le patient nie avoir reçu ces examens.
Le Conseil croit que le médecin a ajouté ces notes afin de justifier, après les faits, les examens qu’il a déjà prescrits sans raison valable.
«Un dossier qui comprend des informations fausses, trompeuses, mensongères, incomplètes ou inexactes met en danger le patient. Des interventions inappropriées peuvent être effectuées ou omises sur la foi de ce que contient le dossier du patient», rappelle le Conseil.
Quatrième manquement
La poursuite réclamait une radiation de six mois, assortie d’une amende de 5000$, alors que le médecin demandait une simple réprimande. Le Conseil de discipline a plutôt opté pour une radiation de quatre mois, en plus de l’amende réclamée par la poursuite.
Dans sa décision, le Conseil rappelle que ce n’est pas la première fois que le Dr Pierre Courchesne est sanctionné par son ordre professionnel. Il a reçu un avis en 2000 après avoir produit une liste de ses patients dans le cadre d’une poursuite civile. En 2001, il a dû payer 1800$ pour avoir diffusé sur son site web une publicité jugée «intempestive, fausse, trompeuse ou susceptible d’induire en erreur le public».
Les gestes les plus sérieux ont été réprimandés en 2003. Il a alors été radié pendant trois mois pour avoir fait une liposuccion «contraire à la science médicale»; pour avoir effectué sans raison valable une chirurgie de rajeunissement sur une patiente; pour avoir fait une liposuccion sous sédation sans surveillance adéquate; ainsi que pour avoir administré une médication supérieure aux normes applicables à une liposuccion.
Dans ce cas, il a dû faire un stage et payer une amende de 1000$, en plus de sa radiation.