Tout s’accélère, les annonces se multiplient ainsi que les nominations de candidats et les présences des politiciens aux événements populaires. Pourtant, il n’y a aucune confirmation qu’il y aura réellement des élections le 4 septembre. Que des rumeurs, des signes avant-coureurs. Jean Charest pourrait changer d’idée. C’est son choix, sa prérogative. Jusqu’au moment où il demandera formellement au lieutenant-gouverneur, Pierre Duchesne, de dissoudre la chambre, le premier ministre pourra en décider autrement.
Pour les amateurs de politique, cette période est pratiquement aussi excitante que celle des Olympiques. C’est à savoir qui déterminera avec le plus de précision la date du scrutin. Tous tergiversent et se demandent qui aura raison, qui saura le mieux lire à l’avance les intentions de Jean Charest. Mais une fois l’énervement passé, qui y gagne vraiment? Surtout s’il s’agit d’une campagne électorale déclenchée en pleines vacances de la construction?
Ce n’est certainement pas le Directeur général des élections. Dans les faits, les hésitations provoquées par le système actuel lui ont coûté 3 M$. Placé au même niveau que les électeurs, Jacques Drouin ne peut faire autrement que se tenir prêt et suivre les rumeurs et les signaux envoyés par le gouvernement. Chacun des comtés doit être en mesure d’offrir le service aux
électeurs, peu importe le moment choisi.
Les électeurs, qui auront pour la plupart la tête ailleurs, n’y gagnent pas non plus.
En lançant la campagne le 1er août, on les priverait d’un des moments clés de la campagne. Généralement, trois moments captent particulièrement l’attention des électeurs et leur permettent de faire leur choix : le déclenchement, le débat des chefs – que 45 % des électeurs attendent pour faire leur choix, selon Jean-Marc Léger – et les derniers jours de la campagne. Le reste sert de bruit de fond et instaure plus ou moins un climat.
Ce ne sont pas les partis d’opposition qui doivent investir temps et argent pour s’assurer de ne pas perdre trop de temps à la ligne de départ. C’est donc, en général, le parti au pouvoir qui y gagne.
Du moins au cours des premiers jours de campagne. Il lui est possible d’afficher avant les autres et d’avoir une machine mieux huilée puisqu’il sait à quel moment il devra mettre le moteur en marche. Et habituellement, le premier ministre choisit un moment qui peut avantager sa formation politique.
Contrairement à sept autres provinces et au système fédéral canadien, les gouvernements du Québec qui se sont succédé n’ont pas eu le courage de se doter d’élections à date fixe. Garder l’avantage du coup de départ a toujours pesé plus lourd. Jean Charest a d’ailleurs toujours défendu le statu quo. Pourtant, une élection, ce ne n’est pas un jeu. Cela doit plutôt être un rendez-vous où les électeurs sont en mesure d’exprimer leur volonté dans les meilleures conditions possible. Vivement des élections à date fixe au Québec.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.