Le scénario d’une élection le 4 septembre continue de se préciser. Cela se traduirait par un déclenchement des élections aussi tôt que la semaine prochaine. Bien qu’il appartienne à Jean Charest de peser sur le bouton, tous les partis se préparent. Les annonces en rafale de candidats dans les différents comtés du Québec laisse présager des débats intéressants.
On peut toutefois se demander s’il y aura de la place pour les différents projets portés par les multiples formations politiques. La stratégie libérale est clairement établie. Le PLQ répète qu’un vote contre son parti est un vote pour la souveraineté. Pour faire oublier les relents qui se dégagent de la Commission d’enquête sur la construction, Jean Charest souhaite réduire le débat à la polarisation fédéraliste-souverainiste, chaos-stabilité. Ce serait bien dommage.
Notre système politique favorise le bipartisme. Les dernières années ont toutefois vu apparaître une représentation diversifiée à l’Assemblée nationale. Cinq partis différents y sont même représentés. Preuve que les Québécois sont loin d’être deux blocs monolithiques. Il est vrai qu’un changement de mode de scrutin, pour un modèle proportionnel mixte, permettrait une représentation plus juste et plus fidèle des électeurs.
Pour l’instant, il faut faire avec ce que l’on a sans pour autant tomber dans le panneau de la polarisation. Lorsque Jean Charest parle de chaos et d’obsession référendaire en référence au PQ, c’est ce qu’il souhaite. Il veut que les électeurs prêtent uniquement attention à cet axe du débat. Il fait ainsi abstraction de tous les débats gauche-droite et de toutes les nuances qui peuvent exister entre ces deux pôles. Les solutions ne sont pas toutes noires ou toutes blanches. Le gris qu’apporte le débat est sain dans une démocratie.
Si Jean Charest utilise cette stratégie, c’est qu’elle a jusqu’à maintenant été payante pour lui. Elle est aussi simpliste et lui permet de se poser en champion de la stabilité. Cette élection risque toutefois d’être différente. Comme on l’a vu dans l’élection partielle d’Argenteuil en juin où les libéraux ont perdu un château fort, la donne a peut-être changé.
Et si les Québécois en avaient marre des débats en noir et blanc, entre les bons et les méchants? Et si les Québécois avaient le goût de discuter de projets et de changement? Ce serait un indice que Jean Charest a tout intérêt à repenser son approche.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.