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Tu peux-tu me vouvoyer?

Je viens de France et il m’a été particulièrement difficile de m’habituer au tutoiement québécois, surtout dans le monde des affaires. Cela m’imposait une véritable gymnastique du langage. Au début, c’était comme si on me tordait le bras, mais une fois bien maîtrisé, il m’a permis de tisser des liens plus forts avec mes candidats et clients.

Il n’empêche que le tutoiement est une lame à double tranchant. Avec le recul, je me rends compte que le vouvoiement en France rend les relations plutôt protocolaires. Cependant, le système a le mérite d’être simple et clair. C’est «vous», un point c’est tout! On évite ainsi les impairs. Rappelons que le vouvoiement est une marque de respect, comportement apprécié dans les relations au bureau. Il évite souvent qu’une complicité professionnelle ne devienne trop personnelle!

Le Québec a choisi de jongler avec le tutoiement et le vouvoiement, mais parfois la balle tombe à terre. Le tutoiement est une question de dosage et n’est pas à utiliser dans toutes les situations. Il y a plusieurs facteurs qu’il faut rapidement évaluer si on ne veut pas se planter.

Un «tu» mal placé peut être très… déplacé!

Je pense à un de mes candidats. Brillant et compétent, il était à l’aise avec tout le monde. Après deux entrevues réussies avec son futur gestionnaire et la conseillère en ressources humaines, il devait rencontrer le vice- président. Une simple formalité; il ne restait plus que son approbation. À la grande surprise de tout le monde, le candidat n’a pas eu le poste!

J’ai par la suite appris que le vice-président ne l’avait pas retenu, simplement parce qu’il s’était permis de le tutoyer. Je sais ce que vous pensez. Pourquoi écarter un bon candidat pour une erreur de langage? La conseillère en ressources humaines ainsi que le gestionnaire avaient quasiment le même âge que le candidat et ils se tutoyaient mutuellement. Le vice-président avait, lui, 40 ans de plus, faisait partie de la direction de l’entreprise et, par-dessus tout, vouvoyait lui-même le jeune candidat. On ne parle plus d’une erreur de langage ici, on parle d’une erreur de jugement!

Certains facteurs tels que le niveau hiérarchique, l’âge, si c’est une première rencontre et surtout si votre interlocuteur utilise «vous» pour vous parler, sont à analyser avant que vous vous lanciez dans la familiarité du «tu». Dans le doute, choisissez la prudence; dites «vous»!

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