Des dizaines de locataires du complexe immobilier Anjou 80 qui ont des animaux ont reçu dans les derniers jours une lettre les intimant de se départir de leur animal. La missive leur donne jusqu’au 11 mai pour s’exécuter, sans quoi, «leur dossier sera référé à la Régie du logement», écrit-on.
La lettre a créé une onde de choc chez les propriétaires d’animaux du complexe immobilier. Certains ont leur fidèle compagnon (chat ou chien) depuis plus de 15 ans. Ils ne se voient pas devoir euthanasier leur animal ni même s’en débarrasser.
«Ça fait 27 ans que j’habite ici et j’ai toujours eu un chien. Je n’ai jamais reçu de plainte. Je ne comprends pas ce qui se passe. J’irai me battre devant la Régie du logement s’il le faut, mais il est hors de question que je me sépare de mon chien», indique Marylène Caron, locataire.
La dame admet que dans le bail initial, il est mentionné en annexe que les locataires n’ont pas droit d’avoir des animaux, mais affirme comme des dizaines de locataires que l’administration d’Anjou 80 leur aurait toujours expliqué que s’il n’y avait pas de plainte, il n’y avait pas de problème.
Souffrant de dépression, c’est sur la recommandation de son médecin que Denis Mazeau s’est procuré Paco, un petit chihuahua de trois ans. Depuis, il a repris goût à la vie. Il habite Anjou 80 depuis 15 ans.
Il n’a pas l’intention d’obtempérer à la demande du conseil d’administration.
«Paco c’est mon bébé. Grâce à lui, je me lève chaque matin. Je ne me vois pas sans lui. C’est mon ami, mon enfant, mon confident.»
Et le cas de M. Mazeau n’est pas unique. Isabelle Thibeault, membre du comité de locataires d’Anjou 80, a reçu un diagnostic de fibromyalgie. Ses chiens sont sa source de motivation dans les moments plus difficiles.
Ils lui permettent de sortir de son appartement plusieurs fois par jour pour les promenades quotidiennes, de socialiser avec les autres propriétaires de chien au gré de ses rencontres et de faire de l’exercice.
Elle habite le complexe immobilier depuis 40 ans, avec une petite pause de quelques années.
«Il y a toujours eu une tolérance envers les animaux et ça ne date pas d’hier. Là, on nous donne une dizaine de jours pour se débarrasser de nos animaux», déplore-t-elle.
Elle aussi entend se battre et ne craint pas de devoir aller devant la Régie du logement.
Tous les propriétaires d’animaux habitant le complexe d’Anjou 80 ont leur histoire bien personnelle avec leur animal de compagnie.
Un conseil d’arrondissement émotif
Il y aurait une centaine de locataires propriétaires d’animaux au sein du complexe de 550 logements.
Une trentaine de propriétaires d’animaux se sont présentés à la séance du conseil d’arrondissement d’Anjou, mardi soir, pour sensibiliser les élus à leur situation.
Plusieurs d’entre eux ont eu de la difficulté à s’exprimer, l’émotion étant trop vive. Ils se demandent pourquoi il y a urgence d’agir s’il y a eu tolérance pendant aussi longtemps.
Le maire de l’arrondissement, Luis Miranda, qui est aussi président d’Anjou 80, a mentionné avoir reçu des plaintes de la part de locataires pour justifier la décision du conseil d’administration de la corporation.
Des locataires en auraient marre de retrouver des poils d’animaux dans leurs vêtements, puisque les laveuses et sécheuses sont proscrites dans les appartements d’Anjou 80. Les locataires ont accès à une buanderie communautaire au sein de leur complexe. Une cinquantaine de plaintes auraient été formulées selon le maire.
Ce dernier admet que la lettre remise aux propriétaires d’animaux peut être «rough» pour les gens. Il dit toutefois que le conseil d’administration du complexe immobilier n’a pas le choix d’agir.
«Qu’est-ce que je dis aux 400 personnes qui respectent la réglementation? J’invite les gens à communiquer avec les gestionnaires d’Anjou 80», de mentionner le maire.
Est-ce qu’il y aura une période plus longue pour se départir de ses animaux? Est-ce qu’il y aura un principe de droit acquis? Est-ce que des exceptions pour des situations particulières pourraient survenir? Rien n’a été avancé par le maire.
Se remettant de problèmes de santé, M. Miranda affirme avoir besoin de temps pour voir la suite à donner au dossier.