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Montréal doit être mise sous tutelle

La comédie a assez duré.

Gérald Tremblay a beau générer du matériel à sketchs pour le prochain Bye-Bye à longueur de journée, la situation à Montréal a fini d’être drôle.

On savait déjà que des membres haut-placés de la garde rapprochée du maire avaient trempé dans des affaires louches. Le témoignage de Lino Zambito, qui corrobore les dizaines d’histoires déterrées par les journalistes depuis trois ans, en a rajouté une couche aux portraits de famille (mafieuse) dévoilés par la GRC. Un p’tit 2,5 % pour la mafia, un 3 % au parti, un autre 1 % à l’ingénieur, tout ça pendant que les fournisseurs gonflent leurs prix pour profiter de la manne.

Ce n’est plus seulement que le renard est dans le poulailler. Le fermier, le coq et les poules sont complices.

Le maire dit qu’il fait confiance à la Commission Charbonneau. Tant mieux. Mais qui fait encore confiance à Gérald Tremblay?

Certains commentateurs suggèrent que le maire doit démissionner. Ça n’arrivera pas. Gérald Tremblay semble croire qu’il ne porte aucune responsabilité vis-à-vis le pillage qui se déroule sous ses yeux depuis sept ans.

D’autres disent au contraire qu’il faut laisser le supplice durer pendant encore un an, jusqu’aux élections de novembre 2013, puisque l’incompétence n’est pas illégale.

Pardonnez mon mandarin, mais c’est le bout de la m…. . Les membres de la mafia semblent avoir plus de contrôle sur l’appareil municipal que les élus. Si la situation qui prévaut actuellement à Montréal n’est pas suffisante pour démettre le maire, qu’est-ce qui le sera?

Il est temps que le gouvernement provincial suspende le Gérald Tremblay de ses fonctions et mette Montréal sous tutelle.

***

Il y a des précédents.

En 1918, le premier ministre Lomer Gouin avait imposé une commission administrative à la Ville de Montréal en raison d’une situation financière précaire. Le maire avait été mis de côté. Adélard Godbout a resservi la même médecine à la métropole en 1940.

L’Italie, pratiquement en faillite économique, a vu son premier ministre élu, Silvio Berlusconi, être remplacé l’an dernier par un premier ministre nommé, Mario Monti, un technocrate dont la mission est de remettre le pays sur les rails en attendant les prochaines élections. Si on peut envisager de faire une telle chose pour un pays de 60 millions d’habitants, membre du G8, on peut certainement se le permettre pour une ville.

La faillite de Montréal est d’ordre moral, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas y remédier. Le Parti québécois avait d’ailleurs promis en campagne électorale de mettre en tutelle Mascouche, où sévit le maire Richard Marcotte. L’ampleur des contrats octroyés par à Montréal rend encore plus impérative la nécessité de mettre fin à l’hémorragie.

La présomption d’innocence doit continuer à s’appliquer en ce qui concerne la responsabilité criminelle des individus. Il reste que la montagne d’allégations, de témoignages, de reportages, de photos et de vidéos divulgués démontre que le cancer de la corruption s’est étendu à plusieurs organes de la métropole. Il doit être contenu.

Il n’y a pas d’abus. Les villes sont des créatures du gouvernement provincial, qui peut les faire et les défaire. Politiquement, il est cependant préférable d’avoir des appuis lorsqu’on veut imposer une mesure si radicale. Sincèrement, qui s’opposera?

Ce ne serait de toute façon qu’une situation provisoire, le temps que la Commission Charbonneau fasse son travail, puis de faire le ménage et d’installer des mécanismes de contrôle qui éviteront qu’une telle situation se reproduise (publier les soumissions serait une bonne idée).

Des élections pourront être tenues en 2013, à la suite desquelles une nouvelle administration reprendra les rennes ou, si le remède devait prendre plus de temps à être appliqué, en 2014.

Gérald Tremblay dit qu’il s’en remettra au rapport et aux recommandations de la Commission. Pas de problème. Il pourra même se représenter aux prochaines élections municipales si ça lui chante. En attendant, qu’il regarde les travaux de la Commission Charbonneau de chez lui. Qui sait, il apprendra peut-être quelque chose…

Il est temps que Montréal soit gérée avec un peu de sérieux et de rigueur.

Et qu’on envoie un signal clair et sans équivoque à tous ceux qui administrent Montréal ou exécutent ses travaux que le bar ouvert est maintenant fermé.

AJOUT : Mon ami Julien m’apprend qu’en 1994, le gouvernement du Québec avait forcé le maire Bourque à rétablir le poste de directeur général de la Ville et à lui fournir des rapports financiers, ce qui pouvait techniquement s’apparenter à une mise en tutelle, même si cela n’a pas été formellement le cas. La référence est à la page 109 d’un document que l’on peut trouver ici.

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