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Les calculs de Thomas Mulcair

Historiquement, le plus grand défi d’un leader fédéral est de satisfaire à la fois l’électorat québécois et celui du reste du Canada. Contrairement à la tradition, Steven Harper est parvenu à obtenir un gouvernement majoritaire sans s’astreindre à cette règle non écrite. Toutefois, il ne pourra en être de même pour Thomas Mulcair qui, menacé de toute part, doit mesurer ses choix et concilier ce qui peut sembler pour le moment inconciliable.

Le NPD, qui occupe une place de choix dans les sondages depuis le dernier scrutin, a aujourd’hui une position plus précaire. Même le changement de chef n’a pas trop fait bouger les indicateurs. Habile, Thomas Mulcair a travaillé à se définir et à combler ses lacunes. On en veut pour preuve sa rencontre récente avec les actuels et les anciens premiers ministres d’allégeance néo-
démocrate, qui visait à illustrer l’expérience du parti en matière de gouvernance responsable.

Mais on sait qu’en politique, le facteur temps joue parfois de vilains tours. Ce qui était vrai hier peut rapidement changer. La menace d’une Trudeaumanie annoncée pousse Thomas Mulcair à prendre des positions plus campées pour consolider sa position. Sans compter qu’une question délicate vient s’inviter dans le débat. La question nationale était loin d’être pressante lors de l’élection de 2011, mais le contexte a changé.

L’élection de Pauline Marois a eu un effet domino. La visite en Écosse et les demandes du Bloc ont poussé le NPD à agir. En cohérence avec la déclaration de Sherbrooke, il propose aujourd’hui de reconnaître un résultat référendaire à 50 % plus 1, en contrepartie d’un droit de regard sur la question.

Cela ne passe pas comme une lettre à la poste. Au Canada, on questionne maintenant l’aptitude de Thomas Mulcair à gouverner. Il devra user de tout son talent pour réconcilier les deux solitudes. Il ne peut gagner sans le Québec. Il ne peut gouverner sans accroître sa députation dans le reste du Canada.

Pendant les prochains mois, le chef de l’opposition devra, au-delà du 50 % plus 1, faire beaucoup de calculs. Il devra lui aussi, comme le font les conservateurs, évaluer le nombre de sièges qu’il souhaite obtenir ou conserver. Cela voudra parfois dire faire des choix difficiles.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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