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Une blague contre la corruption

Avec la suite de la commission Charbonneau, qui ressemble de plus en plus à un film, il va falloir user d’un malin sens de l’humour et d’une bonne dose de déni pour traverser sans heurts cette période nauséabonde.

La situation kafkaïenne que nous subissons au Québec m’a replongé dans ma vie antérieure, sur mon autre planète. C’était au milieu des années 1980. Mon pays d’origine traversait à l’époque une grave crise de sécheresse qui a mis le pays à genoux. Pire, la corruption rongeait le corps de la fonction publique. Crise ou pas, plusieurs fonctionnaires s’engraissaient illicitement sur le dos des contribuables. Pour ne pas sombrer dans la folie, le peuple s’ingéniait à produire des blagues à une cadence industrielle pour rire de la situation. Ses cibles de prédilection, les agents d’autorité, comme le corps policier et la gendarmerie.

L’histoire de ma blague se passait dans une région agricole. Dans ces coins éloignés des centres urbains, certains gendarmes s’en mettaient plein les poches grâce à des barrages routiers. Toutes les astuces imaginables étaient bonnes pour soutirer du bakchich!

Un jour, un éleveur transportait ses volailles dans son pick-up pour les vendre au souk hebdomadaire de la contrée. À l’entrée du village, bien sûr, un barrage de gendarmes l’a sommé de s’arrêter.

Après avoir fait les vérifications d’usage et trouvé que tout était en règle, le gendarme n’avait aucune excuse pour plumer sa victime. Pourtant, dans un exercice d’intimidation habilement préparé, l’agent lui a lancé sur un ton sec et autoritaire: «Que donnes-tu à manger aux poules que tu transportes dans ta camionnette?» Apeuré, l’éleveur lui a répondu: «Des grains de blé, chef. » «C’est ça, les gens meurent de faim à cause de la sécheresse et toi tu trouves le moyen d’offrir du blé aux poules.» L’éleveur a vite compris le message. Aussitôt, il a refilé des billets à son bourreau pour éviter la saisie de son véhicule et le paiement d’une amende salée!

La semaine d’après, comme à l’accoutumée, notre éleveur s’est dirigé vers le souk. Et rebelote, un autre barrage. Le même gendarme l’a apostrophé avec la même question. Cette fois, ayant appris de sa première mésaventure, l’éleveur a répliqué: «Je leur sers des ordures.» « Ah bon, tu gaves tes poules de microbes pour empoisonner le consommateur! » Évidemment, l’éleveur a rallongé d’autres billets pour éviter le pire.

An troisième jour du souk, l’éleveur a été arrêté par le même brigadier avec la même question sur l’alimentation des poules. Mais cette fois, le pigeon a affûté sa réponse. Il a sorti la réplique qui tue: «Je suis désolé, monsieur le gendarme, mais j’ignore ce qu’elles mangent. Je leur avance de l’argent et elles s’arrangent avec leur budget pour faire leur marché et préparer leur repas!» Et vlan.

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