NEW YORK — Donald Trump continue d’en remettre sur sa promesse qu’un vaccin contre le coronavirus sera disponible avant le jour de l’élection présidentielle américaine, le 3 novembre.
Toutefois, d’un bout à l’autre du pays des démocrates, des indépendants et même quelques républicains n’y croient pas. Ils n’ont pas confiance en la capacité de son administration de produire un vaccin sûr et efficace en si peu de temps.
Ces incertitudes sur le processus scientifique menacent d’exacerber les risques pour la santé publique de millions d’Américains le jour où un vaccin sera bel et bien disponible.
À l’approche du 3 novembre, les responsables de la campagne démocrate font face à un délicat dilemme politique. Doivent-ils attaquer férocement les prétentions de Donald Trump même si cela risque d’avoir pour conséquence d’affaiblir la confiance du public envers un hypothétique vaccin?
En revanche, s’ils ne répliquent pas aux allégations du président sortant, les démocrates lui laissent tout le loisir de palabrer sur les chances réelles ou fictives de voir apparaître ledit vaccin afin de mousser sa campagne.
Le gouverneur de l’État de Washington, Jay Inslee, a fait la démonstration du jeu d’équilibre auquel se prêtent les démocrates, vendredi, lorsqu’on lui a demandé s’il serait à l’aise de recevoir un vaccin lancé sous l’administration Trump avant le scrutin.
«Si tous les protocoles ont été respectés et que la preuve scientifique est faite, bien sûr, je me range derrière la science. Ça n’a pas d’importance quand cela survient», a-t-il répondu à l’Associated Press.
«Mais je devrais d’abord me fier sur la démarche scientifique, pas sur Donald Trump. Il n’y a pas une seule chose provenant de Donald Trump sur laquelle je lui ferais confiance pour que ce soit vrai», a-t-il ajouté.
Ces commentaires du gouverneur Inslee correspondent précisément à la position de plus en plus consensuelle au sein du Parti démocrate. Une position que partage d’ailleurs le candidat Joe Biden.
Les têtes d’affiche du parti ont régulièrement remis en doute les promesses de Donald Trump tout en jurant allégeance aux scientifiques et aux experts de la santé publique comme le Dr Anthony Fauci, l’éminence du gouvernement américain en matière de maladies infectieuses.
De son côté, Donald Trump réitère presque quotidiennement sa promesse de la découverte imminente d’un vaccin.
Vendredi, le président sortant a promis que 100 millions de doses d’un vaccin toujours hypothétique seraient produites d’ici la fin de l’année et qu’il y aurait assez de doses pour chaque Américain d’ici avril prochain.
Donald Trump accuse Joe Biden de promouvoir des théories anti-vaccin lorsque ce dernier remet en doute la véracité de ses allégations.
Le premier cas de COVID-19 aux États-Unis n’a été signalé qu’il y a huit mois. Les experts de la santé, incluant les spécialistes du gouvernement comme le patron du Centre de contrôle des maladies infectieuses (CDC), sont d’avis qu’il faudra au moins 12 à 18 mois pour concevoir un vaccin en raison des longues procédures de mise à l’essai nécessaires afin de s’assurer de son innocuité et de son efficacité.
Politiquement, Donald Trump a souffert de la pandémie qui a coûté la vie à près de 200 000 Américains, soit plus du triple du nombre de décès prévu en avril. Cependant, à six semaines du scrutin, un sentiment grandissant s’installe au sein de la population selon lequel la tendance semble se diriger dans la bonne direction. Les experts préviennent toutefois qu’il est trop tôt pour prétendre que le pire est passé.
Selon un sondage dévoilé la semaine dernière par la Fondation de la famille Kaiser, quatre Américains sur dix croient que le pire est derrière pendant que le même nombre estime que le pire n’est pas encore arrivé.
D’après le même coup de sonde, une importante partie de la population craint que le gouvernement ne précipite la production d’un vaccin sans s’assurer de son innocuité. C’est le cas de 85% des démocrates, 61% des indépendants et 35% des républicains.
Steve Peoples, The Associated Press