SAN DIEGO — Les défenseurs des réfugiés, y compris des groupes religieux que le président Donald Trump courtise dans sa campagne de réélection, ont appelé jeudi le Congrès à mettre un terme aux plans de son administration visant à réduire à un niveau record le nombre de réfugiés admis aux États-Unis, affirmant que cela va à l’encontre des valeurs américaines.
Dans un avis de dernière minute envoyé au Congrès mercredi soir, à peine 34 minutes avant l’expiration de l’échéancier pour le faire, l’administration a dévoilé sa proposition d’admettre seulement 15 000 réfugiés aux États-Unis sur une période d’un an qui a commencé jeudi.
C’est 3000 de moins que le plafond historiquement bas de 18 000 que le président Trump avait fixé pour la période d’un an qui s’est terminée mercredi.
Scott Arbeiter, président de World Relief, une agence chrétienne d’aide internationale, a estimé que M. Trump avait renié sa promesse de protéger les chrétiens persécutés dans le monde.
«Au lieu de cela, nous avons vu que la réinstallation de réfugiés provenant de pays connus pour leur persécution avait chuté d’environ 90 % dans certains cas au cours des quatre dernières années», a déclaré M. Arbeiter dans un communiqué. «C’est inadmissible.»
Une autre tirade contre les réfugiés
Le plan de l’administration a été publié le jour même où M. Trump s’en est pris de nouveau aux réfugiés lors d’un rassemblement électoral à Duluth, au Minnesota, en affirmant qu’ils étaient un fardeau indésirable pour le pays. Il a accusé son rival, l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, de vouloir faire entrer un grand nombre d’étrangers dans l’État.
«Biden transformera le Minnesota en camp de réfugiés, il l’a dit — surchargeant les ressources publiques, surpeuplant les écoles et inondant les hôpitaux. Vous savez cela. C’est déjà en cours. C’est une honte ce qu’ils ont fait à votre État», a lancé Donald Trump à ses partisans.
Il a ensuite fustigé la représentante démocrate Ilhan Omar, qui est arrivée aux États-Unis en tant que réfugiée d’origine somalienne et qui représente maintenant Minneapolis au Congrès, en disant: «Comment diable le Minnesota l’a-t-il élue? Qu’est-ce qui ne va pas avec ces gens, n’est-ce pas?»
Le Conseil des relations américano-islamiques, la plus grande organisation musulmane de défense des droits civiques du pays, a dénoncé la baisse du nombre de réfugiés admis, affirmant que cela s’inscrivait dans les «efforts actuels de l’administration Trump pour maintenir le racisme systémique anti-noir et la suprématie blanche».
Depuis son arrivée à la présidence, Donald Trump a réduit de plus de 80 % le nombre de réfugiés admis chaque année aux États-Unis, dans le cadre d’une politique plus large visant à réduire considérablement l’immigration légale et illégale.
Son intention de restreindre encore davantage l’arrivée de réfugiés a fait bondir les organisations confessionnelles, au moment où le président cherche à convaincre les conservateurs sociaux chrétiens dans les États stratégiques pour l’aider à remporter un second mandat.
Le révérend John L. McCullough, chef du Church World Service, qui accompagne les réfugiés dans leur réinstallation aux États-Unis, a qualifié d’immorale la réduction du nombre de réfugiés admis et a exhorté le Congrès à intervenir, bien que le président ait le dernier mot conformément à la loi sur les réfugiés de 1980. Le Congrès peut recommander des changements ou tenter d’influencer la politique par des orientations budgétaires, mais il n’a pas le pouvoir de modifier la décision.
«Le nombre proposé de 15 000, soit une réduction de plus de 80 % par rapport aux normes historiques, est inacceptable. Nos valeurs en tant que nation et en tant que croyants exigent que nous agissions lorsque la vie des gens est en danger», a affirmé le révérend McCullough dans un communiqué.
«Mais au cours des trois dernières années, le président Trump et son administration se sont tellement éloignés de ces principes de base au nom de leurs objectifs cruels, racistes et partisans que le programme de réinstallation des réfugiés, qui sauve des vies, n’est plus que l’ombre de ce qu’il était.»
Le quota le plus bas de l’histoire
Le plafond de 18 000 était déjà le plus bas de l’histoire de ce programme. Le président Trump a complètement gelé l’admission de réfugiés en mars au début de la pandémie, invoquant la nécessité de protéger le marché du travail américain des retombées économiques induites par le coronavirus.
En conséquence, les États-Unis n’ont accueilli qu’un peu plus de 10 800 réfugiés au cours de l’exercice 2020, bien en dessous de la cible de 18 000.
Les défenseurs des réfugiés accusent l’administration Trump de démanteler un programme qui jouissait depuis longtemps du soutien des deux partis au Congrès et qui était considéré comme un modèle pour protéger les personnes les plus vulnérables du monde.
Des dizaines de bureaux qui s’occupaient de la réinstallation des réfugiés ont fermé en raison de la baisse du financement fédéral fondé sur le nombre de réfugiés arrivant aux États-Unis.
Et les conséquences se répercutent au-delà des frontières américaines, alors que d’autres pays ferment leurs portes aux réfugiés dont le nombre augmente dans le monde à cause de la guerre, de la faim et des persécutions.
«Nous parlons de dizaines de millions de familles désespérées sans endroit où aller et sans espoir de protection à court terme», a déploré Krish Vignarajah, président du Service luthérien pour l’immigration et les réfugiés, une agence chargée de la réinstallation des réfugiés financée par le gouvernement fédéral.
Julie Watson et Matthew Lee, The Associated Press