Une synagogue séculaire a rouvert ses portes en grande pompe au Royaume du Maroc. Une nouvelle rafraîchissante aux antipodes de toutes les tensions rapportées d’Arabie.
La synagogue Slat al-Fassiyine est un lieu de culte juif marocain, au cœur du Mellah de Fès, ville classée patrimoine universel de l’UNESCO. Historiquement, et dépendamment des sources sur le sujet, la communauté juive du Maroc comptait plusieurs centaines de milliers d’individus jusqu’au 20e siècle. Avec l’exode causé par la création de l’État d’Israël et sa guerre contre les Arabes, cette communauté s’est réduite à moins de 7 000 membres. De nos jours, on peut estimer que les différentes communautés juives d’origine marocaine comptent plus d’un million de membres à travers le monde. Une communauté qui reste très attachée à la mère patrie.
Revenant à la synagogue de Fès. Elle a été construite au 17e siècle et a traversé le temps malgré moult ennuis. Transformée en prison au 18e siècle, puis réhabilitée comme lieu de prière au 20e siècle, Slat al-Fassiyine est redevenue, depuis lors, l’un des lieux incontournables de la communauté juive de Fès, qui comptait près de 250 000 âmes dans la première moitié du siècle précédent. Après l’exode des juifs marocains dans les années 1960 et 1970, on rapporte que cette synagogue s’est transformée en atelier de fabrication de tapis puis en salle de boxe, sans perdre son aspect original.
Depuis le milieu des années 1990, la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain a réussi à mobiliser plusieurs partenaires et donateurs, dont l’Allemagne, pour lancer ses travaux de restauration.
Lors de cette inauguration officielle, l’islamiste Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, a lu le discours royal. Plusieurs personnalités marocaines et étrangères étaient à la cérémonie: le président du Bundestag (le parlement Allemand), André Azoulay, un Marocain de confession juive qui est conseiller du roi, Serge Berdugo (lui aussi Marocain de confession juive). Au milieu des années 1990, Serge Berdugo a été un rare ministre de confession juive membre d’un gouvernement dans un pays arabe.
En effet, la nouvelle Constitution du royaume qui a été adoptée en 2011 dans le contexte du Printemps arabe consacre la particularité hébraïque du Maroc comme l’une des bases de son identité nationale.
Dans le préambule de cette nouvelle constitution, le royaume se définit comme un État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale qui entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible. Son unité, forgée par la convergence de ses composantes arabo-islamiques, amazighes et saharo-hassanies, s’est nourrie et enrichie de ses affluents africain, andalou, hébraïque et méditerranéen.
L’article 3 spécifie clairement que l’Islam est la religion de l’État, qui garantit à tous le libre exercice des cultes.
Pour passer du texte à la réalité et montrer l’importance de la cohabitation entre ses communautés juive et musulmane, le Maroc a mis sur sa table de travail un projet de réhabilitation des anciennes écoles juives du Maroc.
Dans l’effervescente couverture médiatique tronquée du printemps arabe, l’expérience marocaine passe presque inaperçue!