Uncategorized

Un monde parallèle

La saga Charbonneau sombrait dans l’ennui et les cafouillages, quand Nicolo Milioto s’est présenté au parloir. Là, le show a bel et bien commencé! Certains observateurs ont mis en cause la pertinence même de cet interrogatoire d’un témoin récalcitrant. Faux! S’il y a un témoin qui nous en a dit long sur le milieu interlope, c’est bien Milioto.

Depuis que Monsieur Trottoir s’est présenté à la barre, une scène du premier volet du Parrain repasse en continu dans ma tête. Cette fameuse scène d’ouverture de la saga dans la résidence du patriarche, lors de la cérémonie de mariage de sa fille. Alors que les convives chantaient et dansaient dans l’immense jardin de la villa cossue, dans un coin reculé à l’entrée du bureau du boss, Luca Brasi, un colosse, ruminait à haute voix son discours de vœux avant d’être reçu par son maître. Entre-temps, des invités inquiets défilaient dans le bureau du patriarche pour solliciter sa protection. Quand le peuple perd confiance en le système judiciaire, la police et les politiciens corrompus, il n’y a que le parrain pour leur rendre justice.

Dans cette scène d’anthologie, Luca Brasi et tous les protégés vouent un respect et une fidélité absolus à Don Vito Corleone, presque l’incarnation de Dieu sur terre.

Quand Milioto dit que Rizzuto est un homme bon, il le croit vraiment! Quand il dit avoir trimé fort toute sa vie et s’être levé toujours à l’aube pour aller travailler avec ses mains afin de nourrir sa famille, il dit la vérité. Quand il lance à la procureure que si elle le respecte, il la respecte, que si elle lui cherche du trouble, il lui cherche du trouble, il cite de mémoire l’article 1 de la loi de la rue!

Cette scène dans l’antre du parrain incarne ce monde parallèle qui établit ses nor-mes et son système, parce qu’il repousse la démocratie qu’il croit fondamentalement corrompue et injuste.

Dans une démocratie défaillante, des hommes d’affaires véreux à l’affût du gain garanti, comme des requins attirés par le sang de leurs proies, piègent des politiciens avides de pouvoir et accros au financement de leur carrière. À son tour, le politique influence les cadres de son administration pour mettre en place une machine à fabriquer des dollars. Aussitôt, l’administration se corrompt. Pour huiler ce stratagème et assurer son bon fonctionnement, oubliez la justice et ses lois, il faut la protection de la mafia.

Deux univers cohabitent dans notre pays. Un style de vie tranquille avec des règles, des lois et des conventions régies par un système judiciaire, des élus et des médias. En parallèle, un univers de crime et de violence régenté par la mafia se tient en embuscade!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Articles récents du même sujet

Exit mobile version