On l’a voulue, on l’a eue. Et ce n’est pas fini, comme le dit la chanson, ce n’est qu’un début. La Commission Charbonneau se poursuivra jusqu’en 2015. Les commissaires ont demandé une prolongation de leur mandat, se justifiant par la tâche encore colossale à accomplir. Leur travail est essentiel, mais, il faut se l’avouer, les témoignages qui se succèdent jour après jour finissent par peser sur le moral et sur le climat ambiant.
Le gouvernement du Québec a pris quelques jours de réflexion avant de répondre à cette requête. Il aurait pu couper la poire en deux, mais il a jugé préférable de dire oui aux demandes de la commission. Avait-il le choix? Le ministre de la Justice lui impose toutefois de produire un rapport intérimaire qui lui permettra d’agir sur le système qui aura été mis au jour.
Déjà, on a une bonne idée des stratagèmes en place à Montréal. Un véritable système d’attribution de contrats par un groupe restreint impliquant des fonctionnaires, des politiciens, des ingénieurs et des entrepreneurs a été établi. Il a permis de détourner des sommes considérables.
Pendant ce temps, Mont-réal ne cesse de s’enliser. Les crises se suivent et se ressemblent à l’hôtel de ville. En quelques mois, les révélations à la Commission Charbonneau ont fait rouler plusieurs têtes. Cette semaine, la réalité a dépassé encore une fois la fiction. Une affaire aux odeurs de putsch envers le directeur de police a eu raison du directeur général de la métropole. Sa version ayant été contredite par le gouvernement du Québec, Guy Hébert a dû remettre sa démission.
Fragile sur le plan politique, Montréal est également durement secouée sur le plan administratif. Le travail de directeur général est maintenant la fonction la moins convoitée en ville.
La coalition formée au lendemain de la démission du maire Tremblay tente de tenir le coup, mais le vent de face rend la gouverne complexe. Chaque fois qu’on parle des ventes de terrain dans Notre-Dame-de-Grâce, ou de la présence du maire à certains événements en lien avec la Commission Charbonneau, la coalition se fragilise davantage.
Le maire Applebaum a annoncé qu’un comité de sélection restreint choisirait le directeur général par intérim… jusqu’en novembre. En effet, le 3 novembre, une nouvelle administration sera élue par, souhaitons-le, une grande partie de la population. Vivement l’arrivée de ces élections, car au rythme où vont les choses, il est légitime de se demander si la coalition survivra jusque-là. Les vents contraires ne semblent pas sur le point de se calmer.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.