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Morosité croissante

On croyait, au Québec, détenir l’exclusivité de la chose, Commission Charbonneau oblige, mais il semble que la morosité face aux politiciens soit généralisée ou presque. Le verdict est tombé cette semaine avec la publication d’un sondage effectué par Angus Reid. Plus de 7 000 Canadiens ont été invités à évaluer leur premier ministre provincial. Le jugement n’est pas tendre : sur neuf provinces sondées – on avait exclu l’Île-du-Prince-Édouard –, un seul premier ministre obtient un taux d’approbation de plus de 50 %.

Brad Wall, premier ministre de la Saskatchewan, remporte la palme avec  64 % d’appui de sa population. La situation économique n’est sûrement pas étrangère à ce degré d’appui. En poste depuis 2007, il mène la destinée de cette province, longtemps sous-estimée, qui a créé le plus d’emplois le mois dernier et a le taux de chômage le plus bas du pays.

Pour le reste, la situation est beaucoup moins reluisante. Les femmes, qu’on croyait porteuses de renouveau en début d’année, peinent à garder le soutien de leur population. Pauline Marois et ses consœurs récoltent toutes moins de 35 % d’approbation. La première ministre de la Colombie-Britannique risque même d’être renvoyée aux élections du mois prochain.

Ce score désolant trouve son explication à plusieurs niveaux. Si la politique repose sur les idées, elle est aussi mesurée en fonction de la gestion des attentes. En attendons-nous trop de nos élus ou est-ce eux qui en promettent trop? Un peu  des deux.

Certains élus promettent encore des choses comme si nous nagions dans les surplus budgétaires. Et il y a une bonne partie de l’électorat qui préfère les croire plutôt que d’imaginer qu’il faut faire des sacrifices. Une fois au pouvoir, la réalité frappe, et on accuse, à bon droit, les politiciens de ne pas respecter leurs promesses.

Comme électeurs, on veut aussi des réponses simples à des problèmes qui sont parfois complexes. À l’ère du numérique, on veut que les choses bougent rapidement; un clic et on y est. On exige des politiciens qu’ils règlent nos problèmes tout aussi rapidement. Bref, on vogue d’un sauveur à un autre et de déception en déception. Les élus seraient-ils devenus des politiciens jetables?

Ce n’est pas simple de renverser un climat de morosité. Surtout quand le printemps se fait attendre comme cette année et que les révélations de corruption et de collusion se succèdent. C’est cependant une responsabilité partagée entre les politiciens et les citoyens. Après tout, les politiciens ne sont pas désincarnés; ils ne sont que le reflet d’une société.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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