Avez-vous vu le clip? Indochine a sorti la semaine dernière un clip pour sa chanson College Boy. Une réalisation de Xavier Dolan. C’est la première œuvre de Xavier que je vois. Ma blonde et moi, on a loué J’ai tué ma mère, on attend d’avoir le temps pour le regarder. T’inquiète Xavier, on va pas s’arrêter à un vidéoclip.
En gros, un élève se fait intimider. Ça part de p’tits bouts de papier derrière la tête, à un ballon de basket dans l’front, à manger une volée, se faire pisser dans face, se faire crucifier – oui oui, avec les clous dans les poignets et le sang, pis tout –, à se faire cribler de balles dans le torse et, finalement, électrocuter avec un Taser. Tout le long, les témoins, élèves, profs, surveillants et policiers ont les yeux bandés.
Le message est clair : si t’es pour crucifier quelqu’un, t’es mieux d’utiliser des gros clous, parce que des p’tits, ça tient pas. Plus sérieusement, le message, c’est : dénoncer les témoins passifs, qui ferment les yeux devant l’intimidation.
Je trouvais que l’exercice était réussi. Tu finis de regarder le clip, puis tu files pas bien. Tu sais pas trop si c’était nécessaire ou pas, tu te dis : ouin, ça aurait pu être moins, et tout aussi efficace. Peut-être, ça aurait pu. Mais à cheval blessé, on regarde pas l’alarme. C’est ça le clip : c’est une alarme, une alerte. Si faut aller aussi loin pour que le message passe, on va y aller. Ils y sont allés, tant mieux.
MusiquePlus ne veut pas passer le clip, la France veut le bannir. Trop violent. Trop choquant.
Certain que c’est violent. Ça prend des images-chocs pour sensibiliser. Quand j’étais ado, personne n’a voulu m’empêcher de voir les fameuses campagnes de la SAAQ. Ou les images de cancer sur les paquets de cigarettes. Aussi troublantes et choquantes soient-elles. Et ça a marché. Ma génération s’attache en voiture, et la cigarette est en train de disparaître. Bravo, vous avez gagné.
Au lieu de bannir le clip, pourquoi ne pas le montrer dans les classes? Prenez le prof le plus sage, celui qui impose le respect, l’écoute, l’échange. Puis, que les jeunes en parlent du clip. Qu’ils en parlent de ce que ça leur fait, de ce que ça signifie pour eux.
Rassurez-vous, les jeunes de 14-15 ans ont vu bien pire. Et le clip? Ils l’ont déjà vue anyway. Pendant que ceux qui s’en offusquent ont appris son existence à LCN, la plupart des ados avaient vu le clip cinq jours avant, l’avaient oublié, puis avaient continué leur game de Resident Evil.
Donc, tant qu’à faire doublement l’autruche, sur l’intimidation et sur ce clip, ayons le courage de le regarder et la sagesse d’en parler.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.