Comme Babe Ruth lors de la troisième partie des séries mondiales de baseball de 1932, Pauline Marois a montré le fond du champ lors de la campagne électorale de l’été dernier. L’abolition de la taxe santé, la révision du régime minier et du Plan Nord, l’abolition de la hausse de un sou sur le bloc patrimonial d’électricité sont autant de promesses qui ont séduit l’électorat québécois. Mais contrairement à ce joueur d’exception, loin d’envoyer la balle de l’autre côté de la clôture, elle semble rater la cible systématiquement.
La politique est ainsi faite. On se souvient beaucoup moins des promesses réalisées que des promesses brisées. C’est pourquoi il faut bien mesurer le poids de chacune d’entre elles et s’assurer que ce que l’on s’engage à réaliser tient la route. La population peut être indulgente s’il y a un changement radical de situation, mais dans ce cas-ci, on pouvait prévoir que tous les éléments n’étaient pas réunis pour frapper un coup de circuit.
Encore une fois cette semaine, le choc de la réalité a frappé. Le gouvernement a été incapable de livrer un régime de redevances minières qui procurera les 400 millions de revenus promis. S’il est vrai que ce qui a été annoncé respecte les principes prévus, cela ne livre pas les résultats attendus. On plaide le contexte du prix des métaux pour expliquer l’ajustement de tir. Pourtant, ce prix était déjà en baisse à l’été 2012. Pourquoi ne pas en avoir tenu compte à ce moment-là, avant de faire une publicité électorale promettant un nouveau régime qui donnerait plus que les présupposées miettes?
Même chose avec le Plan Nord, loin de la refonte majeure promise, on a assisté à une présentation en grande pompe pour des changements cosmétiques. Dans les faits, le Nord pour tous est à peu de chose près la continuité de ce qui avait été amorcé par Jean Charest.
Les engagements électoraux fixent nos attentes par rapport aux différentes formations politiques. En promettant plus qu’elle ne pouvait livrer, Pauline Marois s’est mise dans une situation difficile. Elle devait savoir qu’en montrant le fond du champ, elle mettait la barre haute.
Babe Ruth était un frappeur exceptionnel. Il a certes bien démontré une certaine arrogance en pointant le fond du terrain lors de ses présences au bâton. Toutefois, les statistiques jouaient en sa faveur. Pour ce qui est de madame Marois, sa moyenne au bâton commence à faire douter de sa capacité d’envoyer la balle de l’autre côté de la clôture.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.