Le Grand Prix. L’événement du grand, du gros. Du bling-bling, du pouvoir. Au cours de ce genre d’événement, le milieu de la prostitution connaît un gros week-end. Il y a des événements qui créent ça. La fin de semaine portes ouvertes du Musée d’art contemporain, j’pense pas que les prostituées font de l’overtime. Peut-être qu’une d’elles va se faire demander combien elle charge pour se faire peindre nue avec d’la moutarde, mais sinon, c’est assez relax, je présume.
Dans un article de La Presse de la semaine dernière, où il était question d’la grosse ouvrage qui attendait les prostituées, une phrase a attiré mon attention: «Les policiers commencent à changer d’attitude envers les prostituées, reconnaissant que plusieurs d’entre elles sont victimes d’exploitation.» COMMENCENT! Également, les policiers commenceraient à troquer leurs mousquets contre des fusils plus «modernes», comme le calibre 38 à six balles.
Arrêter une fille pour prostitution, c’est un peu comme arrêter un junkie pour consommation de drogue. Comme l’humoriste Américain Bill Hicks a déjà dit: «Les junkies, c’est pas en prison qu’ils doivent aller, c’est à l’hôpital.» Certains diront: «Nos hôpitaux sont déjà assez engorgés! On va pas les remplir de drogués!» C’est pas à prendre au premier degré. Ce qu’il voulait dire, c’est qu’un gars à genou dans un parc qui cherche son crack a besoin d’aide, pas d’être en pénitence. Que ce soit l’hôpital, un centre de désintox, Louise Deschatelets assise de côté sur un divan rouge. Name it. Le point est que y a des «crimes» qui ne sont foutrement pas des crimes. Même chose pour les prostituées.
J’suis pas naïf. Quand je parle d’aide, je parle pas de les «sauver». C’pas avec un câlin, pis un «parle-moi de ton enfance» que tu sors une fille de la rue. Faire la guerre aux pimps et non aux putes, c’est déjà un début. Ensuite, faire des bordels encadrés, c’est une autre idée. On a un jour compris que donner des seringues aux junkies, c’était pas une mauvaise idée. Accepter certains comportements, s’adapter à ceux-ci pour le bien commun, c’est pas mal plus efficace que de lever le tapis pis de tout tasser la «crap» dessous en se disant: «On ne le voit pu, faque ça n’existe pu.»
Le week-end est fini. Les gros bonnets sont partis. Les prostituées prennent un bain tranquille, leurs pimps comptent le cash. Cette année, les policiers ont «commencé» à changer d’attitude avec les prostituées. Voyons voir si, dans un an, cet éveil aura progressé. C’tu vraiment les bordels, la solution? Je ne sais pas. Faudrait demander aux prostituées. C’est drôle, je lis rarement leur avis sur la question. Pourtant, il me semble qu’elles doivent être bien placées pour parler de leur sort. Plus qu’un journaliste, qu’un policier ou qu’un humoriste monosourcil en tout cas.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.