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Les bibittes de la Saint-Jean

Ils nous est arrivé souvent durant les dernières années de collaborer avec des Français et des Américains. Quand vient le temps de prendre une bière après une séance de brainstorm, on est souvent les deux bibittes (bébêtes pour les Français, question d’éviter des fous rires biens sentis) curieuses à table.

«Vous êtes canadiens…» «Non. On est québécois.» Silence.

Les Français ont habituellement une longueur d’avance quant à notre question nationale, ne serait-ce que parce que le Québec est actif culturellement depuis plus longtemps chez nos franchouillards cousins. Du côté des Américains, it’s a work in progress, particulièrement du côté humorisitique. On a eu la chance d’être aux premières loges pour assister à l’exportation de concepts, de textes et de scénarios québécois chez nos voisins du sud.

La question revient toujours : «Vous gagnez bien votre vie chez vous. De plus, vous travaillez à l’étranger, alors pourquoi un pays? D’ailleurs, qu’est-ce qui vous différencie des Canadiens?»
C-h-a-q-u-e fois.

On pourrait d’abord dire qu’il y a indéniablement la culture. Don Cherry et Sarah McLachlan, on s’en tartine un peu, ici. (Voilà, on doit 2 M$ à Rad-Can pour l’utilisation du mot «ici».) Mais… Peut-on vraiment définir ce qu’on est par… ce qu’on n’est pas? Bof.

On peut par contre dire qu’on est une nation en état de survivance depuis toujours, et vous savez quoi? Cet état de survivance, ça use. Chaque jour, se demander si nos enfants parleront et écriront encore notre langue, ça tue un peu. Ça tue beaucoup, même.

Il y aura toujours quelques colons (dans le vrai sens du terme) pour dire que le français, on s’en sacre. C’est habituellement ces mêmes personnes qui ne parlent pas un foutu mot d’anglais à part yes, toaster et «Partenais», comme dirait Pérusse. Ce sont habituellement ces mêmes personnes qui n’ont jamais eu à se battre pour se faire respecter et se faire servir en français dans leur ville.

La vérité, c’est que créer sous pression, être inventif comme s’il n’y avait pas de lendemain, c’est un fichu beau défi.

Par contre, la journée où on pourra avoir pignon sur rue avec nos propres ambassades partout dans le monde, sans avoir à être dirigés par un gouvernement canadien qui nous pose les mêmes questions que les Français ou les Américains, comme si on était des «drôles de bibittes», on restera créatifs, mais sans la crainte de devoir le faire dans la langue d’un autre, chez nous. Le tout, en prenant nos propres décisions, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales sans avoir à consulter une autre nation.

Bonne fête nationale à tous les Québécois : bonne fête à toi… Bonne fête à vous… Bonne fête à nous!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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