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On fait-tu l’amour?

C’est un beau métier, humoriste. C’est la job qui te permet le contact le plus direct, vrai et honnête avec un public. La radio donne un genre de contact comme ça. Mais les animateurs n’ont pas de réponse immédiate à tout ce qu’ils disent. Ils l’ont juste quand ils ouvrent les lignes et que les gens appellent pour leur dire qu’ils ne sont pas d’accord avec tel propos, qu’ils veulent entendre, ENCORE, Get Lucky, de Daft Punk, ou qu’ils veulent un t-shirt. L’humour, plus particulièrement la manière «stand up» d’en faire, c’est un contact brut, intime, quasi sexuel.

Être sur une scène seul pendant une heure à essayer de faire rire des inconnus, je vous dirais que c’est pas mal comme faire l’amour.

Si les deux, le public et l’humoriste, sont excités de se voir, ont envie de partager le moment ensemble, sont décontractés, fébriles, bien ça risque de faire POW! Le linge va revoler partout, il va y avoir de la sueur, et tout le monde va sortir de là heureux, épuisé. C’est ce qu’on appelle dans le métier des moments magiques, des soirées parfaites. Où les humoristes, comme pour un moment torride, on dit qu’on a «tout arraché».

Parfois, le public est là, au rendez-vous, mais l’humoriste, lui, pour x raison, livre pas la marchandise. Le public est alors déçu, a un manque, un besoin non comblé. Dans ces soirées-là, les humoristes, on va souvent dire qu’on était juste «pas dedans» .

Y a des soirs où t’es en forme et où le public l’est un peu moins. Mais si tu travailles bien, si tu le réchauffes bien, que tu fais des bons préliminaires, tu peux le gagner. Et ce qui allait peut-être être une baise un peu morne se change finalement en une belle partie de rires en l’air.

Puis y a les pesantes. T’attends en coulisse. T’es crinqué comme un ado de 16 ans qui s’en va chez sa blonde alors que les beaux-parents sont pas là. Ça va être laid! T’arrives sur la scène prêt à te donner corps et âme, mais le public, lui, ça y tente pas. C’est souvent des publics extérieurs, ou ce qu’on appelle des shows de corpo, genre, dans un club de golf. Quand t’as 5, 10 minutes à faire, c’est pas si pire. Comme une prostituée, tu te dis : «Bon, j’vais faire ça vite, propre, parce que j’suis pro, pis après ciao bye.» Mais quand t’as 30 minutes, 45, 1 heure avec un public qui, pour x raison, l’heure, la disposition de la salle, donne pas grand-chose en retour, là c’est rough, très rough. C’est comme faire l’amour avec une fille qui fait l’étoile. Pire, une fille qui fait l’étoile et qu’en plus, quand tu veux la virer de bord, elle fait sa pesante. T’es comme «Ben là, participe un minimum!»

Heureusement, ce dernier scénario est le plus rare. En général, l’échange est assez juste, généreux et suffisant pour que tout le monde reparte comblé et veuille revivre l’expérience. Tiens, il me reste un dernier show d’une heure. C’est ce soir, à 19 h 30. Les billets sont sur zoofest.com. Allez, on fait-tu l’amour? Envoye, j’vais mettre du Axe.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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