Le confort. Le gros problème avec le confort, j’vais vous le dire, moi, c’est que c’est confortable. C’est paisible. C’est douillet. C’est souvent dur d’en sortir. Parce que, ben, c’est confortable. Un lit, une paire de jogging, une relation, un emploi, une paire de pantoufles, un «pas tout suite». Le «pas tout suite», c’est la paire de pantoufles de la peur. Peur de risquer, peur du vide, peur d’être vulnérable, nu, jugé, peur du nouveau, peur de l’échec. Parfois on regarde notre peur, une paire de bottes à la main. La peur nous pointe ses pieds : «Pas tout suite.» On se rassoit.
Il y a une semaine, j’ai sacré une de ces paires de pantoufles aux vidanges. J’ai pogné ma peur et je lui ai attaché des bottes de force. «Ça va faire! Va jouer dehors!» Ma peur s’est levée, a pris ma guit’, puis est allée jouer… de la guit’.
Depuis que j’ai 16 ans, je joue de la guitare. J’ai appris tout seul comme un grand. Apprendre comme un grand, ça veut pas dire grand guitariste. Je ne le suis toujours pas. Du tas d’accords que je fais, j’en connais trois de nom. Les autres, je les connais de vue. Ma technique est simple. Je bouge mes doigts sur le manche, quand ça sonne bien, je reste là, quand ça sonne pas bien, je change de place. C’est un peu comme avec une fille finalement.
Y a une semaine, au dernier week-end de mon show solo présenté au Zoofest, j’ai joué de la guitare. Merci en passant aux lecteurs qui sont venus me voir. Toujours le fun de voir les yeux qui me lisent. Bref, à deux de mes shows, j’ai joué de la guitare. Pas en joke, en vrai. En sérieux. Pour un humoriste, se montrer sérieux, c’est un risque. Le même risque que quand Denis Coderre essaie d’être drôle. La ligne est mince entre le beau moment et le malaise moment. Pour m’aider à rendre ce moment un beau moment, ma blonde était sur scène avec moi. Elle chantait, je grattais.
Le trac était comme deux sacs de guimauves en spécial… palpable. Pour une grosse carapace en roche comme moi, c’était un gros move. Pour ma blonde aussi. Elle aussi, elle a sacré ses pantoufles dans les vidanges. Se motiver à se dépasser, au gym, sur scène ou à Pictionnary, c’est sûr que c’est plus facile à deux.
La réponse des gens fut plus que positive. On est content, on a mis nos bottes, on est sortis dehors, et aucun ours ne nous a mangés. On a tellement aimé ça qu’on va sûrement refaire l’expérience. C’est définitif, 2013, c’est l’année où des vieilles pantoufles ont été reléguées aux oubliettes. C’est un beau feeling, je vous encourage à faire de même. C’est plus confortable qu’on pense, l’inconfort.
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