Au cours de la dernière décennie, les gouvernements minoritaires se sont succédé à Ottawa comme à Québec, mais rien ne semble changer dans la façon de gouverner. Les attentes des politiciens, des médias, des commentateurs et même des citoyens sont demeurées inchangées. Toujours le même vieux réflexe. Quand un gouvernement est majoritaire, on se plaint qu’il gouverne en maître absolu et quand il est minoritaire, on le plaint de ne pouvoir gouverner en maître absolu.
Pourtant, on peut se demander s’il ne serait pas temps d’aborder le fonctionnement du Parlement en tenant compte des nouvelles réalités. En 2014, ça fera 20 ans que plus de deux formations politiques sont représentées à l’Assemblée nationale. Mais d’ici à ce que le mode de scrutin soit modifié pour répondre aux nouvelles réalités de l’électorat, tous auraient intérêt à s’habituer au multipartisme et à voir comment le Parlement peut opérer.
Le processus qui a mené à l’adoption de la loi sur les mines est la preuve qu’il est possible de faire de la politique autrement. L’opposition n’a pas toujours à dénoncer. François Bonnardel a prouvé qu’il était possible pour un député d’opposition d’apporter des solutions pour dénouer des impasses parlementaires. De son côté, la ministre Ouellet a su saisir la balle au bond et faire avancer son dossier.
Certes, cela aurait pu se faire avec encore plus de classe. Le gouvernement aurait pu atteindre ses objectifs sans convoquer la chambre le même jour où avaient lieu deux élections partielles, dont une qui devait faire élire le chef de l’opposition. Dans un monde idéal, on n’aurait pas non plus imposé le bâillon.
La culture des gouvernements de coalition n’est pas à nos portes, mais il doit sûrement y avoir une autre façon de gouverner que celle qui consiste à toujours courir après un gouvernement majoritaire. Au lieu de faire s’emballer la machine à rumeurs s’emballe au premier soubresaut d’indice sur la date des prochaines élections, on pourrait tenter de faire avancer ses idées. C’est ce qu’attend la population. C’est le mandat qui fut confié aux partis représentés à l’Assemblée nationale.
Dans son bilan de fin d’année, la première ministre Marois a parlé de sa frustration de ne pouvoir faire adopter tous les projets de loi de son gouvernement. C’est une bien mince désolation comparativement aux avantages du multipartisme. Le Parlement doit s’adapter à la nouvelle réalité démocratique et développer de nouvelles façons de collaborer. Les médias aussi devront s’y faire puisqu’on pourrait bien avoir un Parlement amélioré et moins partisan. Bref, un Parlement 2.0.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.