Non, je ne rabâcherai pas la bourde de Jacques Parizeau le soir de la victoire du Non au référendum de 1995. La réaction à chaud de ce monument national est une erreur pardonnable dans le contexte d’une défaite crève-cœur.
D’ailleurs, ce jour-là, et contrairement à une légende urbaine qui a la peau dure, près du quart des «ethniques» ont voté en faveur du projet souverainiste. Pourtant, depuis sa création, le Parti québécois (PQ) ne tisse pas des liens solides avec nos minorités culturelles. Pire, le nouveau PQ de Pauline Marois a fermé carrément la porte à plusieurs minorités religieuses.
Et voilà, à l’occasion du référendum sur l’indépendance de l’Écosse qui se déroulera demain, que les émissaires du PQ sur place découvrent avec étonnement qu’au temple du multiculturalisme, une majorité des minorités visibles s’engagent dans le camp du «Yes»!
C’est une des plus grandes leçons de l’expérience écossaise. D’un point de vue idéologique, le Parti nationaliste écossais (SNP) n’exploite plus la fibre identitaire. À l’opposé du PQ des Marois et Drainville, les Écossais ne se sentent plus menacés dans leur identité. D’où un engagement extraordinaire des communautés culturelles dans la gestion du SNP et la réussite de sa campagne référendaire.
Justement, le SNP n’est pas devenu du jour au lendemain un chantre du nationalisme progressiste et inclusif. À l’origine, c’était une formation limite xénophobe. Toutefois, il y a trois décennies, l’Écosse et ses nationalistes ont pris un virage courageux : l’identité écossaise a cessé d’être définie par des origines ethniques. Elle s’est plutôt définie par le simple fait d’habiter ce pays et de partager ses valeurs progressistes d’inclusion, de solidarité et de tolérance.
Ainsi, le SNP a ouvert ses bras aux immigrants. Résultat de cette transformation extrême : l’appui des communautés culturelles a explosé.
Chez nous, la tenue d’un référendum sera presque impossible avant 2025. Parallèlement, notre population ne cessera de se diversifier. Selon les projections de la diversité de la population canadienne de Statistique Canada, en 2031, dans le Grand Montréal par exemple, les minorités visibles pourraient représenter près d’une personne sur trois (31 %), en hausse importante par rapport à 2006 (16 %).
Dans ce contexte, si le PQ refuse de s’ouvrir aux minorités visibles, il foncera droit dans le mur. Certes, il est encourageant de voir de jeunes cadres du PQ, comme Alexandre Cloutier, clamer fort que le PQ s’est trompé sur la charte, mais cette nouvelle génération réussira-t-elle à imposer le même virage que celui du SNP dans les années 1980 ou sera-t-elle l’otage des ayatollahs péquistes adeptes d’un virage identitaire tous azimuts?
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.