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Drag Queen

Semaine dernière. Je me rends au Lion d’Or pour la finale de slam avec une amie. Elle a son billet, je compte acheter le mien sur place. On arrive à la table des billets. «Complet». Bon. Elle ne veut rien savoir d’aller voir le show seule, alors on sort et on s’improvise une soirée dans le quartier gai. Elle n’a jamais vu de drag queen. Ah ben! Je suis zéro un habitué, j’ai fait un show d’humour ou deux au Cabaret Mado, et c’est pas mal ça. Mais elle est complètement novice. Je me fais un plaisir de l’initier, comme si j’étais un expert en paillettes.

Y’a pas plus diva qu’une drag. Tu penses que ta tante Cécile, avec son faux manteau de fourrure, son parfum cheap, ses plaintes qu’il fait toujours trop chaud, trop froid, trop tiède, sa manie de tenir ses ustensiles du bout des doigts comme une bourgeoise de la Renaissance même quand elle mange du pâté chinois, est diva? Ta tante Cécile, c’est un «truckeur» à côté d’une drag queen. Parce que les drags ont quelque chose de plus que ta tante. Elles ont le «in your face attitude».

Moi, j’aime toutes les formes de rébellion, de «fuck you» à un moule, quel qu’il soit. Un homme de 45 ans, en robe moulante, avec une perruque, des souliers à talon haut, la face commanditée par Lise Watier, qui chante l’Hymne à l’amour, «like there’s no fuckin’ tomorrow», je trouve ça nice. «Ouin, Ben, tu sors du placard….» Fait longtemps que j’en suis sorti du placard des étiquettes, des moules, des prisons identitaires. Checke-moi ben aller à l’épicerie habillé en poulet juste… parce que.

Mais… J’suis pas encore 100 % à l’aise, faut croire. À un moment, une dame d’un certain âge avance vers notre table. Elle nous dit qu’elle nous trouve beaux, les deux jeunes. Mon amie lui dit : «Merci, vous êtes très belle aussi.» Je me tourne après vers mon amie : «C’était un homme, right?» Elle me dit : «Pour moi, c’était une femme et je la traite comme une femme.» Bon point. Je suis là à revendiquer le droit d’être ce que tu veux, mais j’ai encore le p’tit blocage d’appeler Alain Aline comme si de rien était. Gandhi Lefebvre a encore du chemin à faire.

En fin de semaine, si vous n’avez rien à votre agenda, allez faire un tour dans un bar de drags. Y’a une ambiance comme nulle part ailleurs. Le monde est gentil, sur le party, y’a pas de douchebag qui veut se battre parce que t’as accroché sa vodka-Redbull. Le pire qui puisse t’arriver, c’est qu’Aline te pogne par la main, pis te montre une danse en ligne.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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